Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/317

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Nous étions, Pierre et moi, chez des bourgeois cossus,
Où nous fûmes assez honnêtement reçus.
Pourtant j’étais d’abord chez eux mal à mon aise
Et je restais assis sur le bord de ma chaise,
Confus de l’embarras où nous les avions mis.
Mais leurs petits enfants devinrent nos amis ;
Ils riaient avec nous, jouaient avec nos armes
Et couvraient, les démons ! de leurs joyeux vacarmes
Le bruit que nous faisions avec nos gros souliers,
Bref, nous sommes partis bien réconciliés
Et, les jours de congé, nous leur faisons visite.
— Allons ! il faut finir cette lettre au plus vite,
Car le clairon au loin jette ses sons cuivrés.
Je ne sais pas encor si vous la recevrez,
Mais je suis bien content d’avoir suivi l’école :
Grâce au savoir, qu’on raille au pays agricole,
Me voilà caporal avec un beau galon,
Et puis je vous écris ces mots par le ballon.
Maintenant, au revoir, chers parents, je l’espère.
Si je ne reviens pas, ô ma mère et mon père,
Songez que votre fils est mort en défenseur
De notre pauvre France ; et toi, mignonne sœur,
Quand tu rencontreras Yvonne à la fontaine,
Dis-lui bien que je l’aime et qu’elle soit certaine
Que dans ce grand Paris, effrayant et moqueur,