Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/333

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Entends-tu le canon qui gronde par saccades ?
Les hommes sont partis là-bas, aux barricades,
     Aux avant-postes, aux remparts.
A Vanves, à Neuilly, mitraille et balles pleuvent,
Hélas ! et c’est pourquoi tous ces cœurs qui s’émeuvent,
     Ces larmes dans tous les regards.

Mais si, nous détournant de cette morne scène,
Nous regardons plus loin, sur les bords de la Seine,
     France, cache-moi dans ton sein !
Que j’entende bondir ton noble cœur de femme
Qui se brise à l’aspect de cette lutte infâme
     Où ton peuple est ton assassin ;

Que j’entende ta voix hurler, pleine de larmes :
— O mes fils égarés, jetez, brisez vos armes !
     Assez ! il n’est jamais trop tard.
Ne combattez pas plus pour un mot illusoire ;
Arrêtez, plus de sang ! nous n’avons qu’une gloire,
     Et nous n’avons qu’un étendard.

La victoire est horrible et ma mort seule est sûre.
Cruels, vous retournez le fer dans la blessure
     Où l’a plongé le Prussien !
Arrêtez ce combat qui m’achève et me navre,