Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/334

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Insensés qui voulez, sur un front de cadavre,
     Planter le bonnet phrygien.

La paix ! faites la paix ! Et puis, pardon, clémence !
Oublions à jamais cet instant de démence.
     Vite à nos marteaux. Travaillons !
Travaillons, en disant : C’était un mauvais rêve.
Et plus tard, quand mon front, qui vite se relève
     Lancera de nouveaux rayons,

Alors, ô jeunes fils de la vaillante Gaule,
Nous jetterons encor le fusil sur l’épaule
     Et, le sac chargé d’un pain bis,
Nous irons vers le Rhin, pour laver notre honte,
Nous irons, furieux, comme le flot qui monte
     Et nombreux comme les épis.

— Dis-leur cela, ma mère, et, messagère ailée,
Mon ode ira porter jusque dans la mêlée
     Le rameau providentiel,
Sachant bien que l’orage affreux qui se déchaîne
Et qui peut d’un seul coup déraciner un chêne,
     Épargne un oiseau dans le ciel.


Avril 1871.