Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/350

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


XX

Depuis que son garçon est parti pour la guerre,
La veuve met les deux couverts comme naguère,
Sert la soupe, remplit un grand verre de vin,
Puis, sur le seuil attend qu’un envoyé divin,
Un pauvre, passe là pour qu’elle le convie.
Il en vient tous les jours. Donc son fils est en vie
Et la vieille maman prend sa peine en douceur.
Mais l’épicier d’en face est un libre penseur
Et songe : – Peut-on croire à de telles grimaces ?
Les superstitions abrutissent les masses.


XXI

N’est-ce pas ? ce serait un bonheur peu vulgaire
D’être, non pas curé, mais seulement vicaire
Dans un vieil évêché de province, très-loin,
Et d’avoir, tout au fond de la nef, dans un coin,
Un confessionnal recherché des dévotes.
On recevrait des fruits glacés et des compotes ;