Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/292

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des communiantes dans la rue Rousselet. Des années ont passé, des années avec leur printemps, mais avec leurs hivers aussi ; des choses ont changé, des gens ont vieilli dans ce paisible quartier. D’autres enfants jouent encore aux billes sous la vieille charrette, mais le perruquier a fermé boutique ; le savetier radical fume toujours sa pipe sur le seuil de son échoppe, mais sa barbe a grisonné ; enfin on a lu, un jour, un billet bordé de noir, collé avec quatre pains à cacheter sur les volets fermés de la fruitière du n° 9, et maintenant c’est une blanchisseuse qui s’est établie là, pour faire concurrence à l’ancienne, qui demeure en face. Mais cela ne réussira pas, car la mère Vernier, la femme de ménage, – une langue d’enfer dont je vous conseille de vous méfier –, prétend que la nouvelle patronne est une sans-soin qui lui a perdu une camisole, et que ses ouvrières sont des rien-du-tout, qui batifolent avec le sergent de ville, – vous savez, le grand blond médaillé, celui qui a une si belle moustache tombante de buveur d’eau-de-vie. – Malgré tout, la rue Rousselet a conservé à peu près sa physionomie d’autrefois, et le mur des Frères Saint-Jean est plus dégradé que jamais par les saxifrages.

Mais la petite boiteuse ?