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des églises du désert.
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du titre de roi, obtint la Lorraine avec réversion à la France.

Parmi les alliances qui furent alors contractées par la cour de Versailles, il y en eut une qui aurait pu exercer quelque influence sur les intérêts et sur la tranquillité des églises du désert. Le cardinal de Fleury s’allia avec les deux grandes puissances protestantes de l’Europe, la Hollande et l’Angleterre, et s’assura de la coopération ou de la neutralité de ces États ; car la Prusse n’avait pas encore été constituée par l’épée du grand Frédéric. Mais on ne voit pas que ce rapprochement ait sensiblement adouci en France le sort des réformés.

Ils éprouvèrent à cette époque un malheur que n’eût pas compensé même une interruption dans les mesures des persécuteurs ; ce fut la mort de Jacques Saurin, le puissant orateur de La Haye. Les églises durent pleurer la perte de cette éloquence religieuse 1730.
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et politique, qui remettait sans cesse sous les yeux des réfugiés le tableau des malheurs de leurs frères, et qui en déduisait les leçons les plus énergiques de conduite et de mœurs. Il y avait alors des hommes d’élite dans toute l’Europe protestante, parmi lesquels la langue française commençait à se répandre. Notre langue s’étendait, d’abord par une cause fort glorieuse, l’ascendant littéraire du grand siècle, et ensuite par une cause qui l’était beaucoup moins, l’exil et la dispersion des réfugiés. Ces protestants influents et zélés se pressaient dans le temple de La Haye pour entendre la parole vibrante du grand orateur, cet accent incisif qui tenait en même temps de la ferveur de l’école genevoise et de l’ardeur méridionale, et surtout pour s’édifier à l’ouïe de ces prières solennelles, où Saurin déployait une ferveur de ton et de supplica-