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histoire.

demandes de grâces ; ils doivent seulement s’attacher à la question anglaise, et à prévenir qu’ils ne se lieront jamais à eux contre la France. Voilà l’objet le plus principal duquel ils ne doivent point s’écarter. Persuadez-leur que monseigneur l’intendant fera un très-bon usage de ces lettres, surtout si elles sont vraies et sincères. Pierre Amiel. » (Mss. Cast. p. 48.)

Cette pièce donne l’idée la plus précise du mode de gouvernement des intendants et de leurs rapports administratifs avec les églises. Une police protestante correspondait avec les protestants et leur transmettait sous main les ordres d’un intendant chargé d’exécuter les lois de proscription. De nouveaux convertis, ou plutôt d’anciens non convertis formaient, malgré tant de poursuites, une population assez nombreuse pour inquiéter la cour au sujet de la guerre étrangère. Le représentant du roi correspondait indirectement avec des ministres dont les édits punissaient de mort la seule présence, et était contraint de les employer pour maintenir les sujets dans le devoir. À côté de tout cela, les anciens règlements restaient en vigueur, et des condamnations sévères furent contemporaines de ces concessions. Voilà un état de choses où se peint un bien incroyable mode de gouvernement. Une capricieuse tyrannie se relâchait au gré des circonstances. Il est probable, du reste, que ce fut l’intendant qui dicta cette lettre à son agent, et que, sachant bien que les protestants étaient soumis aux lois, et qu’ils aimaient la patrie, il n’eut recours à cette information mystérieuse que pour calmer des terreurs imaginaires à Versailles. Nous avons dû nous arrêter sur ces deux curieuses missives. Le gouvernement de l’ancien régime y respire tout en-