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des églises du désert.
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montagne envoyait toujours des détachements armés qui venaient l’un après l’autre se dissiper à la voix de leurs pasteurs. Il y eut même le lendemain une rencontre fortuite entre l’un de ces petits corps et un détachement de soldats ; il y eut là encore des coups de feu et des victimes. Enfin les corps armés se retirèrent. Mais il restait à accomplir une œuvre laborieuse. Il fallait avec le ministre et les autres prisonniers, soutenus d’une faible escorte, traverser des contrées fort irritées et toutes remplies de protestants. En effet les paysans se présentèrent en foule sur la route ; les chemins en étaient couverts. Mais continuellement aussi, les ministres voisins, informés de ce qui se tramait, se glissèrent parmi ces populations exaspérées, en modérèrent les transports, et réussirent à les contenir[1]. Bien que l’escorte fût considérablement augmentée, la foule qui faisait cortège augmentant encore plus, il fallut envoyer un exprès à Montpellier pour demander main-forte, et pour éviter qu’un enlèvement sérieux ne fût tenté. Le commandant La Deveze, pour le duc de Richelieu, fit aussitôt partir un petit corps d’infanterie et de maréchaussée ; enfin le pasteur Desubas put être conduit à Montpellier sans opposition, mais non sans peine ; en effet, nous disent les mémoires de 1744 » « il n’y avait guère eu dans ces provinces de ministre ni plus considéré ni plus chéri que celui-là. »

Arrivé à Montpellier, le pasteur Desubas fut mis

  1. M. Pons, de Nîmes, dans une notice sur Paul Rabaut, publiée en 1808, raconte assez longuement les efforts de ce pasteur pour calmer les populations lors du trajet du ministre Desubas ; il a donné un fragment de l’allocution que le ministre du désert prononça dans cette conjoncture ; nous n’avons rien trouvé dans les mss. P. R. qui confirmât cette anecdote, d’ailleurs fort probable.