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histoire.

dans la citadelle de la ville. Les états du Languedoc étaient ouverts alors. L’ordre du clergé s’émut du sort de l’infortuné ministre. La complainte populaire a gardé le souvenir des visites, presque tendres et affectueuses, qu’il reçut de l’évêque de Montpellier et de plusieurs autres prélats. Rien ne fut négligé pour le porter à changer de religion ; on est péniblement affecté en voyant des ecclésiastiques raisonnant avec un prisonnier si parfaitement innocent, et lui proposant l’abjuration comme l’unique moyen qui lui restât pour s’épargner le supplice. Mais sa fermeté inébranlable leur ôta tout espoir de succès. La ballade rapporte cette conversation ; mais elle peint avec plus de vérité l’interrogatoire du ministre sur la religion, par le commandant La Devèze. Nous citerons ces stances :


le commandant.

N’êtes-vous pas ministre
Ou bien prédicateur,
De ce cas si sinistre
N’êtes-vous pas l’auteur ?
Pouvez-vous en conscience,
Sans nul ordre du roi,
Enseigner dans la France
Et prêcher votre loi ?

Notre glorieux prince
Proscrit pour jamais,
De toutes nos provinces,
La foi des réformés.
Pourquoi faire violence,
Monsieur, vous avez tort,
Et selon l’ordonnance,
Vous méritez la mort.

le ministre.

Lubac avec constance
Répond à ce seigneur :
— « Si j’ai prêché en France