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des églises du désert.

troupeaux dans le devoir de la fidélité, de la soumission et de la patience ; c’est qu’ils se montreront eux-mêmes, à cet égard, des modèles toujours fidèles et toujours les mêmes. Prendre des engagements plus étendus, c’est risquer de promettre plus qu’on n’est en état de tenir. » (Lett. d’Ant. Court à P. R. 30 déc. 1746. Mss. P. R.) Il est évident, d’après ces réflexions aussi justes que fermes, que les rigueurs et les condamnations de tous genres, loin d’avoir supprimé les assemblées et le culte, n’avaient abouti qu’à donner aux esprits ce caractère d’irritation et de colère, qui précède les commotions politiques. C’est sous l’empire de cette conviction que les églises adressèrent au roi et à l’intendant un mémoire détaillé sur leur position, où elles relatent leurs malheurs, l’espèce et le nombre des victimes, et où elles donnent assez clairement à entendre que la tranquillité publique serait compromise si on continuait sur la même ligne. On découvre évidemment cette pensée, dans une démarche de Paul Rabaut, où elle est enveloppée des termes les plus mesurés, mais les moins équivoques. Pasteur d’une des églises les plus opprimées, commençant au milieu des périls une carrière qu’il devait parcourir avec tant d’honneur et de constance, il crut pouvoir s’adresser, à la fin de 1746, à l’intendant Lenain, qui venait de faire exécuter le ministre Desubas ; il lui transmit une sorte de déclaration qui est remarquable, en ce qu’elle contient comme un résumé prophétique de tout son ministère pastoral. « En me destinant à exercer le ministère dans ce royaume, écrivait Paul Rabaut à l’intendant Lenain, je n’ai pas ignoré à quoi je m’exposais ; aussi, je me suis regardé comme une victime dévouée à la mort ; aucune considération humaine n’aurait été capable de me faire