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histoire.

prendre un tel parti… J’ai cru faire le plus grand bien dont j’étais capable en me dévouant à l’état de pasteur. L’ignorance est la mort de l’âme et la source d’une infinité de crimes. Les protestants étant privés du libre exercice de leur religion, ne croyant pas pouvoir assister aux exercices de la religion romaine, ne pouvant avoir les livres dont ils auraient besoin pour s’instruire, jugez, Monseigneur, quel pourrait être leur état, s’ils étaient absolument privés de pasteurs. Ils ignoreraient leurs devoirs les plus essentiels ; ils tomberaient ou dans le fanatisme, source féconde d’extravagance et de désordres, ou dans l’indifférence et le mépris de toute religion… Votre Grandeur n’ignore pas que le ministère des pasteurs a obvié en grande partie à ces inconvénients ; en mon particulier, je n’ai rien négligé pour instruire solidement ceux qui ont été confiés à mes soins. Je me suis attaché surtout, après avoir établi les vérités fondamentales de la religion, à prêcher les devoirs importants de la morale. J’ai fait des discours exprès sur l’obéissance et la fidélité au souverain… Il est vrai que les protestants ont beaucoup souffert en diverses provinces du royaume, soit en leurs personnes, soit en celles de leurs enfants, soit en leurs biens, et que cela pourrait faire craindre que les exhortations des pasteurs n’eussent pas tout le succès désiré ; mais Votre Grandeur me permettra de lui dire qu’on n’a rien négligé pour former les protestants à la soumission, à la patience, et au détachement du monde. » (Déc. 1746. Lett. de M. P. R., min. de la parole de Dieu dans le désert, à monseigneur Lenain, intend. de la prov. du Languedoc. 5 p. Mss. P. R.)

Cette lettre respectueuse, mais d’une tendance fort claire, dans laquelle un ministre du désert écrit à