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histoire.

tout à coup que les réformés des Cévennes ont pris les armes. Cette rumeur trouva des échos : elle grandit, se fortifia, et enfin arriva en cour. Le duc de Richelieu reçut ordre de rejoindre sur-le-champ sa province soulevée. Il part, arrive, et visite les lieux suspects : tout était parfaitement tranquille. Enfin on découvre que des malintentionnés du lieu des Vans, au Vivarais, avaient donné consistance à cette rumeur calomnieuse.

Une autre douloureuse partie de ce sujet, nous ramène à un genre de persécution qui fut presque spécial à la Normandie et au Poitou, et qui, pour ainsi parler, réussit à tarir les églises dans leur source. Nous 1748.verrons plus bas le ministre Préneuf, de Rouen, se plaindre à Paul Rabaut des enlèvements d’enfants, qui désolaient les familles. Ses plaintes, à cet égard, sont motivées par les renseignements des mémoires historiques de 1744 et 1752. On y voit le lugubre tableau d’ecclésiastiques accompagnés d’archers, qui allaient la nuit arracher de vive force les enfants jusque dans l’asile de la couche maternelle. Le curé d’Athis se signala dans ces expéditions barbares. Ainsi furent arrachés à leurs parents, de mars 1746, à juin 1751, les Morin et les Richouy, de Caen ; les de la Barre du Bois, les Duchemin, de Saint-Lô ; les Lecointe, les Vardon, d’Athis ; les Le Bailly, de la Morinay ; les Roux et les Vilain, de Cheffresne ; les Du Hamel, de Saint-Ebremont ; les Lecaplain, de Chanteloup, et beaucoup d’autres. Dans le Vivarais, on prenait de plus grandes précautions encore. L’évêque de Die manifestait à cet égard un zèle peu charitable ; sur sa plainte, l’an 1748, Merand, de Die ; Rey, de Châtillon, et André, de Saillans, furent arrêtés et languirent longtemps à la tour de Crest, parce que leurs enfants