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des églises du désert.

de s’établir à Orange et d’y faire aucun exercice de la religion (23 nov. 1697). « Les protestants persécutés pour leurs assemblées (du désert) coururent en foule à Orange, dès que la paix y eut rétabli l’exercice de leur religion ; on venait de retirer les gardes qu’on avait placés sur les frontières, pour empêcher les réformés d’aller dans cette principauté ; et le bruit s’était répandu qu’on pouvait s’y rendre sans crainte. Ils arrivèrent en effet à Orange sans obstacle. Leur âme était dans le ravissement de voir et d’entendre encore une fois des ministres en liberté : mais leur joie ne fut pas de longue durée. Les habitants de Caderousse les attendaient au passage ; ils se jetèrent sur eux, les maltraitèrent, les volèrent, les mirent en chemise, et dans cet état les conduisirent aux prisons du château de Roquemaure, d’où de Baville, intendant du Languedoc, les fit transférer à Montpellier. Quatre-vingt-dix-sept hommes et trente-huit femmes ou filles y furent conduits, attachés deux à deux ; et dès le 26 septembre (1698), soixante-onze hommes furent condamnés aux galères perpétuelles et leurs biens confisqués, et dix-neuf personnes du sexe renfermées dans le château de Sommières. Cet événement, qui mit plus de quatre cents familles en deuil, plongea tous les réformés de la province dans la plus vive affliction ; mais il ne fut pas capable d’arrêter le cours des assemblées. » (Vol. l, p. 9-10.)


« J’ai les mains trop liées, Monsieur, pour faire grâce à personne. Je fus réveillé avant-hier par un courrier de M. de Châteauneuf, qui m’a apporté l’ordonnance du roi ci-jointe, avec ordre de ne faire grâce à personne ; de juger quatre-vingts hommes et une femme suivant la rigueur de l’ordonnance. J’avais proposé de faire décimer ces malheureux, et que l’exemple se fît omnium metu, paucorum pœnâ, en les faisant tirer au billet, comme j’ai vu faire une fois à Nîmes. Mais le maître ne l’a pas voulu et a été sensiblement indigné. Voilà un grand exemple, et qui doit rendre sages ces gens-là, s’ils le peuvent être ; joint à cela toutes les précautions que nous avons prises, de faire entourer de partis gardés dans le comtat