Page:Coquet - De la condition des célibataires en droit français.djvu/6

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dans l’intimité de Gaïus et de Justinien, et viennent de laisser Petit ou Girard ouvert sur leur table de travail, voudront bien me pardonner de ne leur rien apprendre.

L’antiquité traita durement les célibataires. Les raisons de cette sévérité ont, de nos jours, en partie disparu. Le célibataire commettait alors un double crime : — crime politique qui enlevait à la cité des soldats contre la perpétuelle hostilité de ses rivales, et des citoyens contre le flot montant des esclaves et des affranchis ; — crime religieux qui laissait s’éteindre le foyer familial et privait les aïeux de descendants pour célébrer leur culte.

Aussi Platon exige-t-il que l’on se marie entre 30 et 35 ans. « C’est un crime de se refuser à prendre femme. Quiconque négligera ce soin paiera chaque année une amende, afin qu’il ne s’imagine pas que le célibat soit un état commode et avantageux, et il n’aura non plus aucune part aux honneurs que la jeunesse rend à ceux d’un âge avancé[1]. » Et si vous demandez à ce jeune Grec, que nous évoquons en tête du défilé des célibataires, pourquoi cette démarche pénible et cet air embarrassé, il avouera, si l’on en croit Plutarque, qu’hier, jour de fête, il a dû, en compagnie de ses pareils, faire sans aucun vêtement le tour de la place publique en chantant des vers satiriques. Et s’il refuse de compléter ces pénibles confidences, l’indiscret Athénée nous révélera que notre célibataire a été traîné au pied des autels et battu de verges par les femmes qui se vengeaient ainsi de leurs propres mains, impitoyables sans doute[2]. Je dois avouer pourtant qu’on in-

  1. Cf. P. Guiraud, Grande Encyclopédie, vo Célibat, droit grec.
  2. Cf. Cartier, le Célibat à Rome. Revue polit. et parlem., oct, 1901, t. XXX, p. 97.