Aller au contenu

Page:Corday - Véritables lettres de Marie-Anne-Charlotte Corday.pdf/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le prier de lui donner audience ; qu’elle se présenta chez lui dans la même journée, qu’on lui refusa la porte ; qu’étant revenue, et ayant persisté à parler à Marat, elle y a réussi, attendu que Marat avoit lui-même donné ordre qu’on la laissât entrer ; qu’étant arrivée au pied de la baignoire, dans laquelle Marat étoit, cille lui parla de différens députés qui sont à Caen et des administrateurs du département du Calvados ; que Marat lui dit « Ces scélérats seront bientôt entre les mains de la justice, et leur tête tombera sous le glaive de la loi ». Qu’elle, accusée, indignée de pareils propos (ce sont ses expressions), tira de son seing un coutau, qu’elle y avoit caché, et poignarda Marat ; qu’elle espéroit qu’il ne reviendroit pas.

Plusieurs témoins déposent les mêmes faits que ceux énoncés ci-dessus.

Le président interpelle l’accusée de dire si elle a quelque chose à observer aux témoins :

Elle répond que tout ce qu’ont dit les témoins est la pure vérité et qu’elle n’a rien à observer.

Interpellé de dire si quelqu’un lui avoit conseillé de faire l’assassinat, dont elle s’est rendu coupable, a déclaré que c’étoit les crimes de Marat, qui depuis le 31 mai lui avoit fait concevoir ce projet ; qu’elle ne l’avoit dit à personne, et que tout le monde l’ignoroit.

A elle demandé ce qu’elle entendoit par les crimes de Marat ; a répondu la guerre