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civile qu’il allumoit dans tous les départemens, qu’il ruinoit la république, qu’il faisoit distribuer des assignats par-tout et en profusion.

Sur cette allégation on lui a observé que le fait étoit faux, puisque la nation payoit les dettes du citoyen Marat, mort pauvre.

A répondu qu’elle persistoit, qu’elle avoit assassiné le monstre qui avoit fait couler le sang des patriotes ; qu’elle étoit satisfaite d’avoir tué un homme pour en sauver 100000.

A elle présenté le couteau avec lequel elle a assassiné le citoyen Marat ;

A dit le reconnoître, ainsi que des lettres qu’elle a écrit et qu’elle a signé, lesquelles lettres sont datées de l’Abbaye, chambre qu’avoit habité Brissot, et le deuxieme jour de sa préparation à la paix, parce qu’elle dit que Marat étant mort, la paix alloit renaître.


Cette femme, dès le moment de son arrestation, a montré une fermeté et un courage digne d’une héroïne, et l’histoire rapporte peu d’exemple d’un pareil caractère. Elle fut à la mort avec un courage extraordinaire ; elle regardoit le peuple, qui, indigné de la mort de son ami, l’injurioit à juste titre, et elle ne lui répondoit que par un sourire dédaigneux. Enfin, cette femme auroit bien mérité les honneurs du Panthéon, si elle eut employée son courage et son héroïsme au bonheur de sa patrie, au lieu d’attenter à sa destruction en assassinant le plus zélé de ses défenseurs.



De l’Imp. de LACHAVE, rue Serpente.