Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/233

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convenir qu’il ne gagnerait pas souvent à être cité d’une manière plus complète. Cette fin est belle pourtant :


Con mi cabeza contada
quede Ximena contenta,
que mi sandre sin mi afrenta

saldrá limpia, y saldrá honrada.

Corneille, qui s’est inspiré de ce discours un peu au delà des citations données, termine plus éloquemment par

« Mourant sans déshonneur, je mourrai sans regret[1]. »


Après ce grand effort, la scène et l’acte sont naturellement terminés par le Roi, qui ajourne sa délibération, confie à don Sanche le soin de reconduire Chimène, et veut s’assurer de don Diègue ainsi que de son fils.

« Don Diègue aura ma cour et sa foi peur prison[2]. »


Ce vers est le résumé de toute une scène qui, dans le texte espagnol, est la continuation de celle-ci, scène assez bien traitée, mais dont le caractère épisodique et familier n’entrait pas dans le plan de Corneille. La bonne Infante amène au secours de don Diègue son nouvel élève, le prince don Sanche, d’un caractère pétulant et volontaire, qui ne laisse pas arrêter son gouverneur, et qui obtient du Roi d’en être lui-même le gardien (el alcayde). Ainsi l’on se sépare, Chimène exprimant en aparté son tendre ressentiment contre Rodrigue, et l’Infante s’apprêtant à se rendre avec la Reine à une maison de plaisance ou nous devons la retrouver.

Scène IIe. La scène où Rodrigue se présente à la suivante Elvire[3] est, dans l’espagnol, d’un ton plus familier, mais aussi plus naturel, comme préparation de ce qui va suivre. Seulement la suivante n’avait pas besoin de dire au public, après qu’elle a fait cacher Rodrigue :


Peregrino fin promete

ocasion tan peiegrina.

Chimène rentre chez elle sous la protection de son oncle Peranzules, plus convenable que celle du jeune cavalier don Sanche. Elle demande et obtient plus tôt de rester seule, sans avoir a éluder l’offre intéressée de l’épée de don Sanche pour la venger.

Mais rien ne nous paraît plus délicat que la comparaison des deux

  1. Acte II, scène viii, vers 732.
  2. Ibidem, vers 736.
  3. Acte III, scène i.