Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/266

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tard, « il courut un bruit, dit Pellisson[1], qu’on feroit encore des observations et un nouveau jugement sur cette pièce. » À ce sujet Corneille, faisant une allusion spirituelle, mais en même temps grave et ferme, à la persécution suscitée contre le Cid par le Cardinal et une autre personne de grande qualité dont nous avons déjà vainement cherché à découvrir le nom[2], écrivit à un de ses amis ces mots si souvent cités : « Horace fut condamné par les duumvirs, mais il fut absous par le peuple. »

Corneille avait invité Chapelain, l’abbé d’Aubignac et plusieurs autres beaux esprits à entendre la lecture d’Horace. C’est d’Aubignac qui nous l’apprend : « M. Corneille, dit-il, n’a pas sujet de se plaindre de moi, si j’use de cette liberté publique ; je n’ai point de commerce avec lui, et j’aurois peine à reconnoître son visage, ne l’ayant jamais vu que deux fois : la première, quand, après son Horace, il me vint prier d’assister à la lecture qu’il en devoit faire chez feu M. de Boisrobert, en la présence de MM. Chapelain, Barreau, Charpi, Faret et l’Estoile, dont il ne voulut pas suivre l’avis que j’avois ouvert ; et l’autre, quand, après son Œdipe, il me vint remercier d’une visite que je lui avois rendue, et du bien que j’avois dit de lui dans ma Pratique, où il ne trouvoit rien à condamner que l’excès de ses louanges[3]. »

L’anecdote suivante, extraite du Menagiana[4], se rapporte sans doute à cette lecture d’Horace : « M. Corneille reprochoit un jour à M. de Boisrobert qu’il avoit mal parlé d’une de ses pièces, étant sur le théâtre. « Comment pourrois-je avoir mal parlé de vos vers sur le théâtre, lui dit M. de Boisrobert, les ayant trouvés admirables dans le temps que vous les bar-

    l’entour est une banderole portant : Nec ferme res antiqua alia est nobilior. Titus Livius, 1. I° (voyez ci-après, p. 265), Il y a eu, sous la même date et chez le même libraire, une édition de format in-12.

  1. Relation contenant l’histoire de l’Académie françoise, 1653, p. 218.
  2. Voyez ci-dessus, p. 25 et 41.
  3. Troisième dissertation concernant le poème dramatique, en forme de remarques sur la tragédie de M. Corneille, intitulée l’OEdipe… par l’abbé d’Aubignac, réimprimée dans le Recueil de dissertations… par l’abbé Granet, tome II, p. 8 et 9.
  4. Tome II, p. 162.