Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus qu’un diamant de son prix pour être chèrement vendu, et cet excellent et agréable trompeur semble faire (au jugement de tous les désintéressés) un acte de justice et de son adresse quand il loue ledit sieur de Scudéry, non pas autant qu’il le doit être, mais autant qu’il en a de pouvoir, témoignant en son discours sa reconnoissance, sans toutefois vouloir toucher ni préjudicier à la réputation de M. Corneille, comme font d’autres tout hautement à celle dudit Sieur de Scudéry, qui possède tout seul les perfections que le ciel, la naissance et le travail pourroient donner à trois excellents hommes[1]. »

Il n’est point nécessaire de chercher à Corneille des torts contre Scudéry : le Cid, voilà son crime ; c’est le seul que celui qui se croyait son rival ne pouvait lui pardonner.

Dans la Lettre apologétique du Sr Corneille, contenant sa response aux Observations faites par le Sr Scudéry sur le Cid[2], notre poëte replace la question sur son véritable terrain, et signale vivement les causes de l’indignation de son adversaire. Nous n’avons pas à nous étendre ici sur cet écrit, que nous publions in extenso dans les Œuvres diverses en prose ; nous sommes obligé toutefois de citer dès à présent le passage suivant qui donne lieu à certaines difficultés : « Je n’ai point fait la pièce qui vous pique : je l’ai reçue de Paris avec une lettre qui m’a appris le nom de son auteur ; il l’adresse à un de nos amis, qui vous en pourra donner plus de lumière. Pour moi, bien que je n’aye guère de jugement si l’on s’en rapporte à vous, je n’en ai pas si peu que d’offenser une personne de si haute condition dont je n’ai pas l’honneur d’être connu, et de craindre moins ses ressentiments que les vôtres. »

Les historiens du théâtre assurent que cette pièce que Corneille dit avoir reçue de Paris a pour titre : la Défense du Cid, mais ils n’en donnent aucun extrait ni même aucune description, et M. Taschereau déclare formellement qu’elle a échappé

  1. L’incognu et véritable amy de Messieurs Scudéry et Corneille, p. 5 et 6.
  2. M.DC.XXXVII, in-8o, 8 pages. Une autre édition, sur le titre de laquelle on lit : Lettre apologitique (sic)… forme 14 pages et i feuillet ; elle est suivie du sixain traduit de Martial qu’on trouvera imprimé plus loin, p. 58, après la Lettre pour M. de Corneille