Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à toutes ses recherches ; nous n’avons pas été plus heureux que nos prédécesseurs[1].

Quant à la personne de haute condition dont Corneille déclare n’avoir pas l’honneur d’être connu, Voltaire n’hésite pas à dire que c’est le cardinal de Richelieu ; mais cela s’accorde assez mal, il faut en convenir, avec cette autre phrase de la Lettre apologétique : « J’en ai porté l’original en sa langue à Monseigneur le Cardinal, votre maître[2] et le mien. » On lit d’ailleurs dans l’Histoire de l’Académie[3] de Pellisson : « M. Corneille… a toujours cru que le Cardinal et une autre personne de grande qualité avoient suscité cette persécution contre le Cid. »

Aussitôt que Corneille eut démasqué Scudéry, on vit paraître presque simultanément un grand nombre de réponses aux Observations.

  1. Je dirai seulement, pour ne rien omettre, que dans un petit paquet de notes bibliographiques manuscrites sur les libelles relatifs au Cid, notes émanant de diverses personnes, mais réunies par Van Praet sous le titre de Catalogue des pièces pour et contre le Cid, et généralement fort exactes, je trouve la mention suivante qu’il ne m’a pas été donné de contrôler : La Deffense du Cid. Paris, 1637, in-4o, 32 pages. Dans les Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres, tome XX, p. 88, Niceron désigne cette même pièce comme étant de format in-8o, mais sans indiquer la pagination et sans entrer dans aucun détail.
  2. Cette façon de s’exprimer à l’endroit du Cardinal paraissait un peu servile à plusieurs contemporains. Tallemant des Réaux dit à ce sujet : « Charrost, en parlant du cardinal de Richelieu, l’appelle toujours mon maître ; cela est bien valet. » (Historiettes, tome V, p. 39, note). Comme le fait observer M. Paulin Paris, la même remarque est faite presque dans les mêmes termes dans le Ménagiana (tome IV, p. 114) : « M. le comte de Charrost, qui devoit toute sa fortune au cardinal de Richelieu, en parlant de lui l’appelle toujours son maître. M. du Puy ne pouvoit souffrir cela. Il disoit qu’un bon François ne devoit point avoir d’autre maître que le Roi. » Il est vrai que Charrost était comte, et Corneille simple bourgeois de Rouen. Tallemant conteste même à Richelieu le titre qu’il recevait généralement : « Le Cardinal, dit-il, a affecté de se faire appeler Monseigneur. » (Historiettes, tome II, p. 21, note 2.) Du reste, quand il arrivait qu’on ne lui donnât point ce titre, cela choquait plus ses flatteurs que lui-même. Voyez Historiettes, tome II, p. 60.
  3. Relation contenant l’histoire de l’Académie françoise, p. 218.