Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/431

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Puis-je la mériter par une triple offense ?
Je trahis son amant, je détruis sa vengeance,
Je conserve le sang qu’elle veut voir périr ;
Et j’aurois quelque espoir qu’elle me pût chérir ? 780

EUPHORBE.

C’est ce qu’à dire vrai je vois fort difficile.
L’artifice pourtant vous y peut être utile ;
Il en faut trouver un qui la puisse abuser,
Et du reste le temps en pourra disposer.

MAXIME.

Mais si pour s’excuser il nomme sa complice, 785
S’il arrive qu’Auguste avec lui la punisse,
Puis-je lui demander, pour prix de mon rapport,
Celle qui nous oblige à conspirer sa mort ?

euphorbe

Vous pourriez m’opposer tant et de tels obstacles
Que pour les surmonter il faudroit des miracles ; 790
J’espère, toutefois, qu’à force d’y rêver…

maxime

Éloigne-toi ; dans peu j’irai te retrouver[1] :
Cinna vient, et je veux en tirer quelque chose,
Pour mieux résoudre après ce que je me propose[2].


Scène II.

CINNA, MAXIME.
MAXIME.

Vous me semblez pensif.

CINNA.

Vous me semblez pensif. Ce n’est pas sans sujet.795

  1. Var. Va ; devant qu’il soit peu, je t’irai retrouver. (1643-56)
  2. Var. Pour t’aller dire après ce que je me propose. (1643-64)