Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/184

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Léonce y peut beaucoup ; vous me l’avez donné,
Et votre main illustre augmente le mérite
Des vertus dont l’éclat pour lui me sollicite.
Mais à d’autres pensers il me faut recourir :
Il n’est plus temps d’aimer alors qu’il faut mourir,
Et quand à ce départ une âme se prépare…

Héraclius

Redoutez un peu moins les rigueurs d’un barbare.
Pardonnez-moi ce mot : pour vous servir d’appui
J’ai peine à reconnaître encore un père en lui.
Résolu de périr pour vous sauver la vie,
Je sens tous mes respects céder à cette envie ;
Je ne suis plus son fils s’il en veut à vos jours,
Et mon cœur tout entier vole à votre secours.

Pulchérie

C’est donc avec raison que je commence à craindre,
Non la mort, non l’hymen où l’on me veut contraindre,
Mais ce péril extrême où, pour me secourir,
Je vois votre grand cœur aveuglément courir.

Martian

Ah, mon prince ! Ah, Madame ! Il vaut mieux vous résoudre,
Par un heureux hymen, à dissiper ce foudre.
Au nom de votre amour et de votre amitié,
Prenez de votre sort tous deux quelque pitié.
Que la vertu du fils, si pleine et si sincère,
Vainque la juste horreur que vous avez du père,
Et, pour mon intérêt, n’exposez pas tous deux…

Héraclius

Que me dis-tu, Léonce ? Et qu’est-ce que tu veux ?
Tu m’as sauvé la vie, et, pour reconnaissance,
Je voudrais à tes feux ôter leur récompense,