Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/193

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Léontine

Reposez-vous sur moi, Seigneur, de tout son sort,
Et n’en appréhendez ni l’hymen ni la mort.



Scène III


Léontine, Eudoxe


Léontine

Ce n’est plus avec vous qu’il faut que je déguise :
À ne vous rien cacher son amour m’autorise.
Vous saurez les desseins de tout ce que j’ai fait,
Et pourrez me servir à presser leur effet.
Notre vrai Martian adore la princesse ;
Animons toutes deux l’amant pour la maîtresse,
Faisons que son amour nous venge de Phocas,
Et de son propre fils arme pour nous le bras.
Si j’ai pris soin de lui, si je l’ai laissé vivre,
Si je perdis Léonce et ne le fis pas suivre,
Ce fut sur l’espoir seul qu’un jour, pour s’agrandir,
À ma pleine vengeance il pourrait s’enhardir.
Je ne l’ai conservé que pour ce parricide.

Eudoxe

Ah ! Madame.

Léontine

Ah ! Madame.Ce mot déjà vous intimide !
C’est à de telles mains qu’il nous faut recourir,
C’est par là qu’un tyran est digne de périr,
Et le courroux du ciel, pour en purger la terre,
Nous doit un parricide au refus du tonnerre.
C’est à nous qu’il remet de l’y précipiter.
Phocas le commettra s’il le peut éviter,