Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/226

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Et pour moi vous cherchez un assuré trépas !
Ah ! Si vous m’en devez quelque reconnaissance,
Prince, ne m’ôtez pas l’honneur de ma naissance ;
Avoir tant de pitié d’un sort si glorieux,
De crainte d’être ingrat, c’est m’être injurieux.

Phocas

En quelque trouble me jette une telle dispute !
À quels nouveaux malheurs m’expose-t-elle en butte !
Lequel croire, Exupère, et lequel démentir ?
Tombé-je dans l’erreur, ou si j’en vais sortir ?
Si ce billet est vrai, le reste est vraisemblable.

Exupère

Mais qui sait si ce reste est faux ou véritable ?

Phocas

Léontine deux fois a pu tromper Phocas.

Exupère

Elle a pu les changer, et ne les changer pas.
Et plus que vous, Seigneur, dedans l’inquiétude,
Je ne vois que du trouble et de l’incertitude.

Héraclius

Ce n’est pas d’aujourd’hui que je sais qui je suis ;
Vous voyez quels effets en ont été produits :
Depuis plus de quatre ans vous voyez quelle adresse
J’apporte à rejeter l’hymen de la princesse,
Où sans doute aisément mon cœur eût consenti
Si Léontine alors ne m’en eût averti.

Martian

Léontine ?

Héraclius

Elle-même.

Martian

Ah ! Ciel ! Quelle est sa ruse !
Martian aime Eudoxe,