Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/251

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Amyntas

Princes, l’auriez-vous cru ? C’est la main d’Exupère.

Martian

Lui qui me trahissait ?

Amyntas

C’est de quoi s’étonner :
Il ne vous trahissait que pour vous couronner.

Héraclius

N’a-t-il pas des mutins dissipé la furie ?

Amyntas

Son ordre excitait seul cette mutinerie.

Martian

Il en a pris les chefs, toutefois ?

Amyntas

Admirez
Que ces prisonniers même avec les conjurés
Sous cette illusion couraient à leur vengeance :
Tous contre ce barbare étant d’intelligence,
Suivis d’un gros d’amis, nous passons librement
Au travers du palais à son appartement.
La garde y restait faible et, sans aucun ombrage,
Crispe même à Phocas porte notre message ;
Il vient ; à ses genoux on met les prisonniers,
Qui tirent pour signal leurs poignards les premiers.
Le reste, impatient dans sa noble colère,
Enferme la victime, et soudain Exupère :
« Qu’on arrête, dit-il, le premier coup m’est dû :
C’est lui qui me rendra l’honneur presque perdu. »
Il frappe, et le tyran tombe aussitôt sans vie
Tant de nos mains la sienne est promptement suivie.
Il s’élève un grand bruit, et mille cris confus