404 DON SANCHE.
À MONSIEUR DE ZUYLICHEM,
CONSEILLER ET SECRÉTAIRE DE MONSEIGNEUR LE PRINCE d’ORANGE[1].
Monsieur,
Voici un poëme d’une espèce nouvelle, et qui n’a point d’exemple chez les anciens. Vous connoissez l’humeur de nos François ; ils aiment la nouveauté ; et je hasarde "non tam meliora quam nova", sur l’espérance de les mieux divertir. C’étoit l’humeur[2] des Grecs dès le temps d’Eschyle,[apud quos Illecehris erat et grata novitate morandus Spectator][3];
et si je ne me trompe, c’étoit aussi celle des Romains.
"Vel qui prétextas, vel qui docuere togatas[4] ; Nec minimum meruere decus, vestigia Græca Ausi deserere[5]….
Ainsi j’ai du moins des exemples d’avoir entrepris une chose qui n’en a point. Je vous avouerai toutefois qu’après l’avoir faite je me suis trouvé fort embarrassé à lui choisir un nom. Je n’ai jamais pu me résoudre à celui de tragédie, n’y voyant que les personnages qui en fussent dignes. Cela eût suffi au bonhomme Plante, qui n’y
1. Voyez tome IV, p. 133, note 1. — Cette Épitre ne se trouve, ainsi que V Argument qui la suit, que dans les éditions antérieures à 1660. 2. Les éditions de 1653 et de 1655 donnent, par erreur évidemment, honneur, au lieu de humeur.
3. Horace, Art poétique, vers 233 et 234.
4. Ibidem, vers 288. — 5. Ibidem, vers 286 et 287
- ↑ Voyez tome IV, p. 133, note 1. — Cette Épitre ne se trouve, ainsi que l´Argument qui la suit, que dans les éditions antérieures à 1660.
- ↑ 660. 2. Les éditions de 1653 et de 1655 donnent, par erreur évidemment, honneur, au lieu de humeur.
- ↑ Horace, Art poétique, vers 233 et 234.
- ↑ Ibidem, vers 288.
- ↑ Ibidem, vers 286 et 287