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ACTE I



Scène I



DONA LÉONOR

Après tant de malheurs, enfin le ciel propice
S’est résolu, ma fille, à nous faire justice :
Notre Aragon, pour nous presque tout révolté,
Enlève à nos tyrans ce qu’ils nous ont ôté,
Brise les fers honteux de leurs injustes chaînes,
Se remet sous nos lois, et reconnaît ses reines ;
Et par ses députés, qu’aujourd’hui l’on attend,
Rend d’un si long exil le retour éclatant.
Comme nous, la Castille attend cette journée
Qui lui doit de sa reine assurer l’hyménée :
Nous l’allons voir ici faire choix d’un époux.
Que ne puis-je, ma fille, en dire autant de vous !
Nous allons en des lieux sur qui vingt ans d’absence
Nous laissent une faible et douteuse puissance :
Le trouble règne encore où vous devez régner ;