Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/443

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Madame ; et s’il en faut notre reconnaissance,
Nous avouerons tous deux qu’en ces combats derniers
L’un et l’autre, sans lui, nous étions prisonniers ;
Mais enfin la valeur, sans l’éclat de la race,
N’eut jamais aucun droit d’occuper cette place.

CARLOS

Se pare qui voudra des noms de ses aïeux :
Moi, je ne veux porter que moi-même en tous lieux ;
Je ne veux rien devoir à ceux qui m’ont fait naître,
Et suis assez connu sans les faire connaître.
Mais pour en quelque sorte obéir à vos lois,
Seigneur, pour mes parents je nomme mes exploits :
Ma valeur est ma race, et mon bras est mon père.

DOM LOPE

Vous le voyez, madame, et la preuve en est claire :
Sans doute il n’est pas noble.

DONA ISABELLE

Eh bien ! Je l’anoblis,
Quelle que soit sa race et de qui qu’il soit fils.
Qu’on ne conteste plus.

DOM MANRIQUE

Encore un mot, de grâce.

DONA ISABELLE

Don Manrique, à la fin, c’est prendre trop d’audace.
Ne puis-je l’anoblir si vous n’y consentez ?

DOM MANRIQUE

Oui, mais ce rang n’est dû qu’aux hautes dignités ;
Tout autre qu’un marquis ou comte le profane.

DONA ISABELLE

Eh bien ! Seyez-vous donc, marquis de Santillane,
Comte de Pennafiel, gouverneur de Burgos.