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DONA ISABELLE

Quel est ce mouvement qui tous deux les mutine,
Lorsque l’obéissance au trône les destine ?
Est-ce orgueil ? Est-ce envie ? Est-ce animosité,
Défiance, mépris, ou générosité ?
N’est-ce point que le ciel ne consent qu’avec peine
Cette triste union d’un sujet à sa reine,
Et jette un prompt obstacle aux plus aisés desseins
Qui laissent choir mon sceptre en leurs indignes mains ?
Mes yeux n’ont-ils horreur d’une telle bassesse
Que pour s’abaisser trop lorsque je les abaisse ?
Quel destin à ma gloire oppose mon ardeur ?
Quel destin à ma flamme oppose ma grandeur ?
Si ce n’est que par là que je m’en puis défendre,
Ciel, laisse-moi donner ce que je n’ose prendre ;
Et puisqu’enfin pour moi tu n’as point fait de rois,
Souffre de mes sujets le moins indigne choix.



Scène 5



DONA ISABELLE

Blanche, j’ai perdu temps.

BLANCHE

Je l’ai perdu de même.

DONA ISABELLE

Les comtes à ce prix fuient le diadème.

BLANCHE

Et Carlos ne veut point de fortune à ce prix.

DONA ISABELLE