Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/497

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DONA ISABELLE

Qui te l’a dit ?

BLANCHE

Mes yeux.

DONA ISABELLE

Tes yeux ?

BLANCHE

Mes propres yeux.

DONA ISABELLE

Que j’ai peine à les croire !

DONA LÉONOR

Voudriez-vous, madame, en apprendre l’histoire ?

DONA ELVIRE

Que le ciel est injuste !

DONA ISABELLE

Il l’est, et nous fait voir
Par cet injuste effet son absolu pouvoir,
Qui du sang le plus vil tire une âme si belle,
Et forme une vertu qui n’a lustre que d’elle.
Parle, Blanche, et dis-nous comme il voit ce malheur.

BLANCHE

Avec beaucoup de honte, et plus encore de cœur.
Du haut de l’escalier je le voyais descendre ;
En vain de ce faux bruit il se voulait défendre ;
Votre cour, obstinée à lui changer de nom,
Murmurait tout autour : « Dom Sanche d’Aragon ! »
Quand un chétif vieillard le saisit et l’embrasse.