Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/507

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après l’avoir lu.
Ah ! Mon fils, s’il en faut encore davantage,
Croyez-en vos vertus et votre grand courage.

CARLOS

à Dona Léonor.

Ce serait mal répondre à ce rare bonheur
Que vouloir me défendre encore d’un tel honneur.
Je reprends toutefois Nugne pour mon vrai père,
Si vous ne m’ordonnez, madame, que j’espère.

DONA ISABELLE

C’est trop peu d’espérer, quand tout vous est acquis.
Je vous avais fait tort en vous faisant marquis ;
Et vous n’aurez pas lieu désormais de vous plaindre
De ce retardement où j’ai su vous contraindre.
Et pour moi, que le ciel destinait pour un roi,
Digne de la Castille, et digne encore de moi,
J’avais mis cette bague en des mains assez bonnes
Pour la rendre à Dom Sanche, et joindre nos couronnes.

CARLOS

Je ne m’étonne plus de l’orgueil de mes vœux,
Qui, sans le partager, donnaient mon cœur à deux :
Dans les obscurités d’une telle aventure,
L’amour se confondait avec la nature.

DONA ELVIRE

Le nôtre y répondait sans faire honte au rang,
Et le mien vous payait ce que devait le sang.

CARLOS

à Dona Elvire.

Si vous m’aimez encore, et m’honorez en frère,
Un époux de ma main pourrait-il vous déplaire ?

DONA ELVIRE

Si Dom Alvar de Lune est cet illustre époux,
Il vaut bien à mes yeux tout ce qui n’est point vous.