Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/550

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Scène III

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Prusias, Nicomède, Flaminius, Araspe
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Flaminius. Sur le point de partir, Rome, seigneur, me mande
Que je vous fasse encor pour elle une demande.
Elle a nourri vingt ans un prince votre fils ;
Et vous pouvez juger les soins qu’elle en a pris
Par les hautes vertus et les illustres marques
Qui font briller en lui le sang de vos monarques.
Surtout il est instruit en l’art de bien régner :
C’est à vous de le croire et de le témoigner.
Si vous faites état de cette nourriture,
Donnez ordre qu’il règne, elle vous en conjure ;
Et vous offenseriez l’estime qu’elle en fait
Si vous le laissiez vivre et mourir en sujet.
Faites donc aujourd’hui que je lui puisse dire
Où vous lui destinez un souverain empire.

Prusias. Les soins qu’ont pris de lui le peuple et le sénat
Ne trouveront en moi jamais un père ingrat ;
Je crois que pour régner il en a les mérites,
Et n’en veux point douter après ce que vous dites.
Mais vous voyez, seigneur, le prince son aîné^
Dont le bras généreux trois fois m’a couronné ;
Il ne fait que sortir encor d’une victoire,
Et pour tant de hauts faits je lui dois quelque gloire.
Souffrez qu’il ait l’honneur de répondre pour moi.

Nicomède. Seigneur, c’est à vous seul de faire Attale roi.