Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/551

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Prusias. C’est votre intérêt seul que sa demande touche.

Nicomède. Le vôtre toutefois m’ouvrira seul la bouche.
De quoi se mêle Rome ? et d’où prend le sénat.
Vous vivant, vous régnant, ce droit sur votre Etat ?
Vivez, régnez, seigneur, jusqu’à la sépulture ;
Et laissez faire après ou Rome ou la nature.

Prusias. Pour de pareils amis il faut se faire effort.

Nicomède. Qui partage vos biens aspire à votre mort,
Et de pareils amis, en bonne politique…

Prusias. Ah ne me brouillez point avec la république ;
Portez plus de respect à de tels alliés.

Nicomède. Je ne puis voir sous eux les rois humiliés ;
Et, quel que soit ce fils que Rome vous renvoie,
Seigneur, je lui rendrais son présent avec joie.
S’il est si bien instruit en l’art de commander,
C’est un rare trésor qu’elle devrait garder,
Et conserver chez soi sa chère nourriture,
Ou pour le consulat ou pour la dictature.

Flaminius à Prusias. Seigneur, dans ce discours qui nous traite si mal,
Vous voyez un effet des leçons d’Annibal :
Ce perfide ennemi de la grandeur romaine
N’en a mis en son cœur que mépris et que haine.

Nicomède. Non ; mais il m’a surtout laissé ferme en ce point,