Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/553

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Mais c’est trop que d’en croire un Romain sur sa foi.
Par quelque grand effet voyons s’il en est digne :
S’il a cette vertu, cette valeur insigne,
Donnez-lui votre armée, et voyons ces grands coups ;
Qu’il fasse pour lui ce que j’ai fait pour vous ;
Qu’il régne avec éclat sur sa propre conquête,
Et que de sa victoire il couronne sa tête.
Je lui prête mon bras, et veux dès maintenant,
S’il daigne s’en servir, être son lieutenant.
L’exemple des Romains m’autorise à le faire :
Le fameux Scipion le fut bien de son frère ;
Et, lorsque Antiochus fut par eux détrôné,
Sous les lois du plus jeune on vit marcher l’aîné.
Les bords de l’hellespont, ceux de la mer Egée.
Le reste de l’Asie à nos côtés rangée,
Offrent une matière à son ambition…

Flaminius. Rome prend tout ce reste en sa protection ;
Et vous n’y pouvez plus étendre vos conquêtes
Sans attirer sur vous d’effroyables tempêtes.

Nicomède. J’ignore sur ce point les volontés du roi :
Mais peut-être qu’un jour je dépendrai de moi ;
Et nous verrons alors l’effet de ces menaces.
Vous pouvez cependant faire munir ces places,
Préparer un obstacle à mes nouveaux desseins,
Disposer de bonne heure un secours de Romains ;
Et si Flaminius en est le capitaine,
Nous pourrons lui trouver un lac de Trasimène.

Prusias.