Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/576

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

IV}}.


Scène I

.


Prusias, Arsinoé, Araspe
.


Prusias. Faites venir le prince, Araspe. ((Araspe rentre.)
Et vous, madame,
Retenez des soupirs dont vous me percez l’âme.
Quel besoin d’accabler mon cœur de vos douleurs,
Quand vous y pouvez tout sans le secours des pleurs ?
Quel besoin que ces pleurs prennent votre défense ?
Douté-je de son crime, ou de votre innocence ?
Et reconnaissez-vous que tout ce qu’il m’a dit
Par quelque impression ébranle mon esprit ?

Arsinoé. Ah ! seigneur, est-il rien qui répare l’injure
Que fait à l’innocence un moment d’imposture ?
Et peut-on voir mensonge assez tôt avorté,
Pour rendre à la vertu toute sa pureté ?
Il en reste toujours quelque indigne mémoire
Qui porte une souillure à la plus haute gloire.
Combien en votre cour est-il de médisants !
Combien le prince a-t-il d’aveugles partisans,
Qui, sachant une fois qu’on m’a calomniée,