Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/580

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Sa gloire attend de vous ce digne sacrifice :
Tous deux l’ont accusée ; et, s’ils s’en sont dédits
Pour la faire innocente et charger votre fils,
Ils n’ont rien fait pour eux, et leur mort est trop juste
Après s’être joués d’une personne auguste.
L’offense une fois faite à ceux de notre rang
Ne se répare point que par des flots de sang :
On n’en fut jamais quitte ainsi pour s’en dédire.
II faut sous les tourments que l’imposture expire ;
Ou vous exposeriez tout votre sang royal
A la légèreté d’un esprit déloyal.
L’exemple est dangereux, et hasarde nos vies
S’il met en sûreté de telles calomnies.

Arsinoé. Quoi ! seigneur, les punir de la sincérité
Qui soudain dans leur bouche a mis la vérité,
Qui vous a contre moi sa fourbe découverte,
Qui vous rend votre femme et m’arrache à ma perte,
Qui vous a retenu d’en prononcer l’arrêt ;
Et couvrir tout cela de mon seul intérêt !
C’est être trop adroit, prince, et trop bien l’entendre.

Prusias. Laisse là Métrobate, et songe à te défendre.
Purge-toi d’un forfait si honteux et si bas.

nicomede. M’en purger ! moi, seigneur ! vous ne le croyez pas :
Vous ne savez que trop qu’un homme de ma sorte,