Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/596

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Ah ! seigneur !

Prusias. C’est ainsi qu’il lui sera rendu :
A qui le cherche ainsi, c’est ainsi qu’il est dû.

Attale. Ah ! seigneur, c’est tout perdre, et livrer à sa rage
Tout ce qui de plus près touche votre courage ;
Et j’ose dire ici que Votre Majesté
Aura peine elle-même à trouver sûreté.

Prusias. Il faut donc se résoudre à tout ce qu’il m’ordonne,
Lui rendre Nicomède avec que ma couronne :
Je n’ai point d’autre choix ; et, s’il est le plus fort,
Je dois à son idole ou mon sceptre ou la mort.

Flaminius. Seigneur, quand ce dessein aurait quelque justice,
Est-ce à vous d’ordonner que ce prince périsse ?
Quel pouvoir sur ses jours vous demeure permis ?
C’est l’otage de Rome et non plus votre fils :
Je dois m’en souvenir quand son père l’oublie.
C’est attenter sur nous qu’ordonner de sa vie ;
J’en dois compte au sénat, et n’y puis consentir.
Ma galère est au port toute prête à partir :
Le palais y répond par la porte secrète ;
Si vous le voulez perdre, agréez ma retraite ;
Souffrez que mon départ fasse connaître à tous
Que Rome a des conseils plus justes et plus doux ;
Et ne l’exposez pas à ce honteux outrage,
De voir à ses yeux même immoler son otage.

Arsinoé. Me croirez-vous, seigneur ? et puis-je m’expliquer ?

Prusias. Ah ! rien de votre