Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/606

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Faites-nous savoir, prince, à qui nous vous devons.

Nicomède. L’auteur d’un si grand coup m’a caché son visage ;
Mais il m’a demandé mon diamant pour gage,
Et me le doit ici rapporter dès demain.

Attale. Le voulez-vous, seigneur, reprendre de ma main ?

Nicomède. Ah ! laissez-moi toujours à cette digne marque
Reconnaître en mon sang un vrai sang de monarque.
Ce n’est plus des Romains l’esclave ambitieux,
C’est le libérateur d’un sang si précieux.
Mon frère, avec mes fers vous en brisez bien d’autres,
Ceux du roi, de la reine, et les siens et les vôtres.
Mais pourquoi vous cacher en sauvant tout l’Etat ?

Attale. Pour voir votre vertu dans son plus haut éclat :
Pour la voir seule agir contre notre injustice,
Sans la préoccuper par ce faible service,
Et me venger enfin ou sur vous ou sur moi,
Si j’eusse mal jugé de tout ce que je voi.
Mais, madame…

Arsinoé. Il suffit, voilà le stratagème
Que vous m’aviez promis pour moi contre moi-même.
(A Nicomède.)
Et j’ai l’esprit, seigneur, d’autant plus satisfait,
Que mon sang rompt le cours du mal que j’avais fait.

Nicomède à Flaminius. Seigneur, à découvert, toute âme généreuse
D’avoir votre amitié doit se tenir heureuse ;
Mais nous n’en voulons plus avec ces dures lois