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ce, & puis Bourdons & Bourdonasses ; mais que celles-cy estoient grosses & creuses, d’où est venu le mot de Bourde, Bâton qui est gros au bout, dont se servent les infirmes.

On appelle, en termes de Manege, Main de la lance, La main droite du Cavalier, & Pied de la lance, Le pied du cheval hors du montoir de derriere, à cause que du temps qu’il y avoit des Compagnies de Lanciers, le tronçon de la lance répondoit à ce pied-là, lors qu’elle estoit à l’arrest. Aujourd’huy on ne se sert plus de Lances que pour les courses de bague ; mais autrefois il y avoit des combats de Lance à outrance, à fer émoulu, & d’autres par divertissement pour montrer sa force & son adresse ; & l’on disoit, Faire un coup de lance, briser la lance, faire voler la lance en éclats. Quand une Lance avoit son fer émoussé, & non pointu, avec un anneau au bout, on l’appelloit Lance courtoise, frettée & mornée. Voicy ce que dit Nicod sur le mot de Lance. Piece des armes offensives que l’homme d’armes porte, laquelle est de bois en longueur de douze à quinze pieds, peu plus, peu moins, grosse à l’empoignure & au bas bout, & allant en amenuisant jusques au haut bout, qui est la pointe d’icelle revestuë d’un fer émolu. Elle est portée par l’homme d’armes, droite sur la cuisse, estant rangé en bataille, & couchée sous l’aisselle en arerst au combat, en latin Lancea, duquel mot il vient, & tous deux du Grec λόγχη. Lance aussi se prend pour l’homme d’armes portant la Lance, comme, Il a une Compagnie de cent Lances, c’est-à-dire, de cent hommes d’armes : Et en cette signification, une Lance contient le nombre de cinq chevaux, dont les deux pour le moins doivent estre chevaux d’armes & de service, le tiers est pour le costiller, & les deux autres pour deux archers, qui est ce qu’on appelloit anciennement Lance fournie, sans deux autres chevaux de moindre taille pour envoyer au fourrage, & servir de sommiers à porter le bagage. De cette signification aussi procede cette phrase ironique, Ha la bonne Lance, ô la hardie Lance, quand on reproche à quelqu’un sa coüardise & sa poltronnie. En matiere de successions Lance en la loy des Anglois, Vverinois ou Thuringeois, au Chapitre des Alluds, est prins pour ligne masculine, tout ainsi que Fuseau, & envers nous Quenoüille pour ligne feminine, disant icelle loy, l’horie estre passée de la Lance au Fuseau, c’est-à-dire, estre tombée en quenoüille.

On dit qu’Un cheval a le coup de lance, pour dire qu’Il a une marque au col ou prés de l’épaule, comme s’il avoit esté percé d’un coup de lance. Cette marque, qui est toûjours le préjugé de l’excellence d’un cheval, est figurée par une espece de trou ou d’enfoncement, & se trouve à quelques chevaux d’Espagne & de Turquie.

On appelle Lance d’étendard, lance de drapeau, Le bâton où est attaché l’étendard.

On dit aussi Lance d’eau. C’est un jet d’eau d’un seul ajustage, & dont la grosseur n’est pas proportionnée à la hauteur.

Lance. Sorte d’outil dont se servent les Ouvriers qui travaillent au stuc. Ils l’appellent aussi Espatule.

LANCER. v. a. Terme de Chasse. Faire partir la beste du lieu où elle a coustume de se retirer, comme le cerf de la reposée, le loup du liteau, le lievre du giste, le sanglier de la bauge.

On dit, en termes de Marine, Lancer une manœuvre, pour dire, Amarrer une manœuvre en la tournant autour d’un bois, mis exprés pour cet usage. On dit aussi d’un Vaisseau à la voile, qu’Il lance basbord ou stribord, lorsque ne faisant pas sa route


droite, il se jette d’un costé ou d’autre, soit que le Timonnier gouverne mal, soit par quelque autre raison.

LANCETTE. s. f. Instrument de Chirurgie propre à saigner. Il est composé d’une chasse & d’une lame d’acier fort pointuë. On s’en sert aussi pour les scarifications & pour ouvrir un abscés.

LANCI. s. m. Terme de Maçonnerie. On appelle Lancis, dans le jambage d’une porte ou d’une croisée, les deux Pierres plus longues que le piédroit, qui est d’une piece. Le Lanci qui est au parement, est appellé Lanci du tableau, & celuy qui est en dedans du mur, Lanci de l’écoinçon.

LANCIER. s. m. On appelloit ainsi autrefois un Gendarme ou Cavalier qui se servoit d’une lance pour combatre.

LANÇOIR. s. m. Terme de Meusnier. C’est la pale qui arreste l’eau du moulin. On la leve quand on veut le faire moudre, ou faire écouler l’eau du biez.

LANDAN. s. m. Arbre qui se trouve dans les Isles appellées Moluques, & qui croist jusqu’à la hauteur de vingt pieds. Ses feüilles ressemblent à celles du Coco, excepté qu’elles sont plus petites. Cet arbre est si gros qu’à peine un homme peut-il l’embrasser. On le coupe neantmoins fort aisément avec un couteau, à cause qu’il n’est composé que d’écorce & de moüelle. L’écorce a un pouce d’épaisseur ou environ, & pour la moüelle on en fait du pain. Elle est faite comme du bois vermoulu, & on la pourroit manger au sortir de l’arbre, en ostant les veines de bois que l’on y trouve meslées. Les Habitans aprés avoir coupé l’arbre, le fendent par le milieu en cylindre, & hachent la moüelle jusqu’à ce qu’elle soit reduite en poudre à peu prés comme la farine. Ensuite ils la mettent dans un sas qu’ils font de l’écorce du mesme arbre, & ce sas est mis sur une cuvette faite de ses feüilles. A mesure qu’il est plein ils l’arrosent d’eau, & l’eau en dégageant la farine d’avec les veines du bois, tombe toute blanche & épaisse comme du lait, dans cette cuvette, au haut de laquelle est une rigole par où elle dégorge en laissant son marc au fond. Ce marc qu’ils nomment Sagu, leur sert de farine, & c’est en effet de la farine quand il est sec. Ils la cuisent dans des formes de terre qu’ils font rougir au feu, ensorte qu’en y mettant la farine elle devient paste, & se cuit en un moment. Cela se fait avec tant de promptitude qu’un homme seul pourroit en trois ou quatre heures faire autant de pain qu’il en faut pour nourrir cent personnes pendant tout un jour. Ils tirent de ce mesme Arbre une liqueur aussi agreable à boire que le vin, & qu’ils appellent Tuach. Quand les feüilles sont encore jeunes, elles sont couvertes d’une espece de coton, dont ils font des étoffes, & lorsque ces feüilles sont plus grandes, ils en couvrent leurs maisons. Les grosses veines de ces mesmes feüilles leur servent de perches pour bastir, & les plus petites sont une façon de chanvre avec quoy ils font de fort bonnes cordes.

LANDE. s. f. Terre sablonneuse & sterile qui n’est pas propre au labour. Ce mot vient de Landt, qui en Allemand signifie Terre ou Pays.

LANDGRAVE. s. m. Prince ou Seigneur Allemand qui possede une Seigneurie appellée Landgraviat. Ce mot vient de Land, Terre, & de Graven, qui signifioit Juge ; ce que les Latins appelloient Comes, à cause que c’estoit autrefois ces Juges qui rendoient la justice à la Cour, & cela les obligeoit d’accompagner toûjours l’Empereur.

LANDI. s. m. Salaire ou present que les Ecoliers donnoient tous les ans à leur Maistre en recon-


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