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noissance de la peine qu’il avoit prise à les enseigner. Ce present consistoit en quelques écus d’or qu’on fichoit dans un citron, & qu’on mettoit dans un verre de cristal. D’autres disent que cet argent se donnoit au Recteur de l’Université de Paris, & qu’on le mettoit dans une bourse commune pour fournir aux frais qu’il faisoit lors qu’il alloit en ceremonie à S. Denis au temps de la Foire, qui a esté appellée La Foire du Landi. Il y avoit toûjours un grand nombre d’Ecoliers qui l’accompagnoient. Ce droit de Landi a esté aboli par un Reglement de la Cour. Ce mot vient de ces deux mots Latins Annus dictus, ou de Indictum, qui signifioit une Foire, Feriæ indictæ. Du Cange est pour Indictum. Quelques-uns écrivent Landit.

LANDIE. s. f. Terme de Medecine. C’est ce qu’on appelle autrement Nymphes ou Dames des eaux, qui sont de petits ailerons ou parties molles & spongieuses qui sortent & avancent hors les levres de la matrice. Quelques-uns font venir ce mot de Lendica.

LANDON. s. m. Vieux mot. Petite lande ou pasturage.

Si comme bestes sans landon,
Sans pastour & sans conduiseur.

LANERET. s. m. Sorte d’oiseau de proye qui est plus petit que le Faucon. C’est le masle du lanier. On l’appelle en Latin, Tertiarius, Asterias.

LANGE. s. m. Morceau d’étoffe, dont on envelope les enfans au maillot. Acad. Fr.

Les Imprimeurs de Taille douce appellent Lange Un morceau de drap qui sert à presser la feüille qui est sur la planche gravée. Il se dit encore d’un morceau de drap fait en quarré que mettent les Cartonniers sur les formes à carton. Borel fait venir Lange de Linge ou Lanage. On disoit autrefois En Langes, pour dire, En chemise.

Dames faisant leurs peintures,
Alloient pieds nuds & en langes.

LANGOUSTE. s. f. Petit Insecte ailé & fort en jambes, qui vole par la campagne & qui depeuple les bleds. On l’appelle autrement Sauterelle, & en Latin Locusta. Il y en a de plusieurs sortes dans les Antilles, dont les unes ne sont remarquables que parce qu’elles sont une fois plus grandes que celles qu’on voit icy dans les bleds. Leur couleur est verte ou rousse. On les trouve ordinairement sur les arbres qui ont les feüilles un peu tendres, comme sur les Gommiers blancs. Parmy ces Langoustes il y en a une espece fort hideuse, & en mesme temps fort dangereuse. Celle-là est grosse comme le tuyau d’une plume d’oye, longue de six à sept pouces, & divisée en neuf ou dix sections ou jointures, dont la premiere divise le corps d’avec la teste qui est presque ronde, & qui a deux petits yeux qui s’élancent au dehors comme ceux des Crabes, avec deux longs poils qui luy tiennent lieu de cornes. Tout le corps, qui est parsemé de petites excrescences, grosses à peu prés comme des pointes d’épingles, va toûjours en amenuisant jusques à la queuë, qui est encore divisée en trois nœuds. Au bout de ces nœuds est une maniere de fourreau, qui couvre un petit aiguillon, dont la piqueure, cause par tout le corps un fremissement ou tremblement, qui passe en fort peu de temps, & qui s’appaise sur l’heure lorsqu’on frotte l’endroit piqué avec de l’huile de palme. Cette beste a six grands pieds, comme ceux des Sauterelles, deux à la premiere jointure, qui divise la teste d’avec le corps, deux autres à la seconde, & les deux dernieres à la quatriéme. Elle ne pique personne, si ce n’est qu’on la serre en la touchant. Il y en a une autre


presque semblable, mais la moitié plus petite, & sans aiguillon.

Langouste. Poisson qui n’a point de sang, & qui est couvert d’un test mou, ayant deux longues cornes garnies d’aiguillons devant les yeux, & deux autres au dessus plus deliées & plus courtes. Il a le dos rude & plein d’aiguillons, deux pieds de chaque costé, la queuë comme les écrevices, & il se dépoüille de sa couverture de mesme que le Serpent se dépoüille de sa peau.

Il y a aussi une espece de Langouste de mer, que Dioscoride nomme Hippocampus, & ce nom luy est donné, selon quelques-uns du mot de Chenilles que les Grecs appellent Campes, & dont elle a presque la figure, comme voulant dire, grande Chenille, le mot de hippos, ne servant quelquefois qu’à augmenter dans la composition d’un mot, comme dans Hipposelinum, qui veut dire, Apium majus. D’autres disent que cette Langouste est ce petit poisson, ou plustost monstre de mer, appellé Dragon, ou Cheval marin, qui ne vaut rien à manger, & qu’on nomme Hippocampus, de ίπποζ Cheval, & de καμπώ, Ply, à cause qu’il a le col & la teste d’un Cheval. Voicy la description qu’en fait Matthiole. Il est long de la largeur de six doigts. Il a le bec long & creux comme un flageolet, les yeux ronds, deux arestes sur les cils qui se changent en cheveux lorsqu’il est en mer, & le front sans aucun poil. Le devant de la teste & le dessus du col sont velus, ce qui ne se voit qu’aux vifs, car dés qu’ils sont morts, tout ce poil tombe. Il porte au dos une espece d’aile, dont il se sert pour nager. Son ventre est blanchastre, gros & enflé. La femelle est encore plus ventruë, & a sous le ventre une issuë pour produire ses œufs, outre une fendasse qui luy est commune avec le masle pour jetter ses excremens. Sa queuë est quarrée & recourbée en maniere de crochet, & tout son corps comparti & formé de petits cercles cartilagineux & pointus. On luy voit depuis la teste jusques à la queuë deux rangs d’arestes miparties, ayant leurs lignes fort droites, & qui se répondent également, en sorte que le col mesme n’en est pas divisé, & que celles qui l’environnent se rapportent aux autres, & continuent dans leur proportion jusqu’au bout. Galien dit que la cendre de cette beste est bonne pour faire renaistre le poil, si on la mesle, ou avec de la poix fonduë, ou avec du sein de pourceau, ou avec de l’onguent de grosse marjolaine. C’est aussi le sentiment de Dioscoride.

LANGUE. s. f. Cette partie charnuë & mobile qui est dans la bouche de l’animal, & qui est le principal organe du goust, de la parole. Acad. Fr. La Langue est soustenuë au fond de la bouche par un os que l’on appelle Hyoide, & qui est composé de trois pieces aux hommes, & de neuf, dans les animaux qui ruminent. Il a quatre apophyses, deux inferieures & deux superieures, les premieres l’attachent aux ailes du cartilage Thyroide, & les autres le tiennent attaché aux apophyses Styloides par le moyen des ligamens. Six muscles, dont il y en a trois de chaque costé, font faire tous les mouvemens de la Langue. Le premier, qui est le Genioglosse, s’attache à la partie inferieure & moyenne du menton, & va s’inserer à la racine de la Langue qu’il fait sortir de la bouche en agissant. Le second qu’on appelle Basiglosse, prend de la partie superieure de la base de l’os hyoide, & s’insere à la racine de la Langue auprés du premier. C’est ce second muscle qui abaisse la Langue en agissant. Le troisiéme la tire à costé en s’attachant à sa partie laterale. Il prend de l’opophyse Styloide, & se nomme Styloglosse. La Langue est couverte de trois