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On appelle en termes d’Astronomie Latitude d’une Etoile, son éloignement de l’Ecliptique en tirant vers l’un ou l’autre Pole du Zodiaque.

LATTE. s. m. Tringle de bois qui traverse les chevrons, & sur laquelle les Ouvriers cloüent l’ardoise, ou accrochent la tuile. La Latte pour l’ardoise est plus large, & de mesme longueur que celle qui est pour porter la tuile. On appelle Lattes jointives, les Lattes que l’on clouë si prés les unes des autres qu’elles se touchent. Les Marchands de bois nomment aussi Lattes, de petits morceaux de latte, qu’ils mettent entre les ais pour leur donner de l’air, afin qu’ils se sechent & ne se pourrissent pas.

LATTES. Terme de Meunier. Maniere d’échelons qui sont aux volans des Moulins à vent, & sur lesquels les toiles sont tenduës.

Lattes. Terme de Marine. Petites pieces de bois fort minces qu’on met entre les baux, les barros & barrotins d’un Vaisseau, & qui servent de garniture pour soustenir le tillac. On appelle Lattes de caillebotis, de petites planches resciées, dont on se sert pour couvrir les barrotins des caillebotis, & qui en font le treillis.

LATTER. v. a. Attacher des Lattes sur un comble pour leur faire porter la tuile ou l’ardoise. On Latte à claire voye, ou à Lattes jointives. Ce dernier se dit quand les Lattes sont cloüées desorte qu’elles se touchent, & on dit Latter à claire voye, pour dire, Mettre des Lattes sur un pan de bois pour retenir les plastras des panneaux, & le recouvrir de plastre.

Les Marchands de bois disent aussi Latter, quand ils mettent de petits morceaux de Latte entre leurs ais afin d’empescher qu’ils ne se gastent.

LATTIS. s. m. On dit en terme de Couvreur, faire un Lattis, pour dire, faire une couverture de Lattes.

LAV

LAVANDE. s. f. Plante que Matthiole rapporte entre les especes d’Aspic, & que plusieurs appellent femelle, & l’Aspic, masle. Les feüilles du masle qui est l’aspic, sont plus larges, plus longues, plus grosses, plus fermes, & plus blanches que celles de la femelle qui est la Lavande. Toutefois l’une & l’autre produit beaucoup de rejettons, & est aussi feüilluë que le Rosmarin. Du milieu des feüilles sortent de petites tiges gresles, quarrées, & qui en longueur passent douze doigts. A leur sommet est une fleur épiée de couleur purpurine, quoy que la Lavande ne produise pas les fleurs d’une si haute couleur & qu’elles soient plus épanoüies & odorantes que ne le sont celles de l’aspic. On se sert de ces fleurs pour faire une huile, qu’on appelle Huile d’aspic, par corruption pour huile de spic, Oleum de spica, la Lavande s’appellant en Latin Spica fœmina ou Spica communis. Cette plante est de parties tenuës, & d’un goust un peu acre & un peu amer. Elle est fort cephalique & nevritique, & bonne particulierement dans les caterres, dans la paralysie, le vertige, la lethargie, & le tremblement de membres. Elle est propre encore à faire uriner, & à faciliter l’accouchement. On l’employe aussi exterieurement dans les lessives qu’on fait pour la teste & pour les membres, & en masticatoire pour dessecher les caterres, & attirer les humeurs par le trou du palais, afin de les empescher de tomber sur les poumons.

LAVANGE. s. f. Amas de neiges, qui se détache tout à coup de quelque montagne ou d’un haut rocher, & qui grossit toûjours en roulant.



LAUDANUM. s. m. Sorte de composition que les Chymistes ont nommée ainsi de Laudare, Louër à cause de ses excellentes qualitez. C’est proprement l’Opium, bien & deuëment preparé, & corrigé avec une once de l’extrait de safran, demy-once du magistere de perles, & de coraux fait sans corrosion, un scrupule de chacun, de l’huile de girofle & de Karabé, demy scrupule de chacun ; six grains de musc, autant d’ambre gris, & le tout meslé ensemble en forme d’électuaire mol. Le Laudanum ne provoque pas seulement le sommeil, mais il appaise les douleurs, & arreste les évacuations immoderées. Il est merveilleux pour les manies, phrenesies, & pour toutes sortes de fluxions violentes, & sur tout pour celles qui vont aux poumons ou à la poitrine. Il faut user de precautions en le donnant, c’est-à-dire, faire preceder les remedes generaux & & les ordinaires. Sa dose doit estre de trois grains jusqu’à six ou sept. On le fait prendre ordinairement en forme de petites pilulles, ou bien dissous dans quelque liqueur rafraischissante, ou un sirop convenable.

LAVEDAN. s. m. Sorte de cheval dont il est parlé dans Rabelais. On l’a appellé ainsi du Comté de Lavedan en Gascogne, où il se trouve de fort bons chevaux.

LAVER. v. a. Nettoyer avec de l’eau ou quelque autre chose de liquide. Acad. Fr.

Les Blanchisseuses disent Laver la lessive, lorsqu’aprés avoir essangé leur linge & fait couler la lessive, elles le mettent tremper dans l’eau la derniere fois afin d’en oster les sels qui y sont demeurez pendant que la lessive a coulé.

Laver. Terme de Chymie. Se servir d’eau pour oster les impuretez de quelque mixte.

Laver. Terme de Peinture. Coucher les couleurs à plat sans les pointiller, soit sur le papier, soit sur le velin. On dit Laver un dessein, pour dire, Coucher avec un pinceau une couleur d’encre de la chine, ou de bistre à l’eau sur un dessein passé à l’encre, afin que les ombres des saillies & des bayes, & l’imitation des matieres que doivent former l’ouvrage, le fassent paroistre le plus naturel qu’il se peut. On dit aussi que Des couleurs sont bien lavées, pour dire, Que les nuances qui font les ombres sont douces, & qu’elles passent insensiblement d’une couleur à une autre. Laver se dit encore d’un tableau que l’on decrasse par un secret de certains artistes, afin de rendre ses couleurs aussi belles qu’elles estoient au commencement.

Laver. Terme de Charpenterie. On dit Laver une poutre, pour dire, En oster une dosse avec la scie pour l’équarrir, au lieu d’en oster avec la coignée.

LAVETON. s. f. Sorte de petite laine courte qu’on tire de dessus l’étoffe avec le chardon, & dont on se sert pour faire des matelas & autres choses. Le Laveton est toûjours de couleur grise, & sort d’une étoffe grossiere, comme le bureau & la bourrelanisse sortent d’une étoffe fine.

LAVEURE. s. f. Terme de Gantier. Composition qui se fait avec de l’eau, de l’huile, & des œufs battus ensemble, & dans laquelle on trempe la peau dont on veut faire des gands.

Laveure. Terme d’Orfévre. Faire la Laveure parmy les Orfévres, c’est Laver la cendre qui provient de la forge, & les ordures de la boutique où il se trouve de l’or & de l’argent, & repasser plusieurs fois ces cendres par les moulins, avec de l’eau & du vif argent pour en tirer la limaille.

LAVIS. s. m. Terme de Peinture. Toute couleur simple détrempée avec de l’eau. Pour faire un


dessein