Page:Corneille - Dictionnaire des arts, 1694, T1, E-L.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LAU LAY LAZ 609

dessein avec du Lavis, les uns employent avec les traits de la plume un peu de Lavis fait avec de l’encre de la Chine, ou le bistre qui est de la suye bien détrempée. Les autres se servent de la pierre noire, & d’autres de la sanguine, ou de l’Inde, chacun selon son goust.

LAUREOLE. s. f. Plante dont il y a de deux sortes, la Laureole masle, appellée Chamædaphné, & la Laureole femelle que l’on nomme Daphnoides ou bien simplement Laureole. Cette derniere croist de la hauteur d’une coudée, & a plusieurs rameaux plians, fort feüillus dés le milieu jusqu’en haut. Ses feüilles sont semblables à celles du Laurier, excepté qu’elles sont plus minces, plus molles, & difficiles à rompre. Elles bruslent incontinent la bouche & le gosier de ceux qui en goûtent. Ses fleurs sont blanches & ses grains noirs, lors qu’ils ont atteint leur maturité. Sa racine n’a point du tout de vertu. Sa feüille machée comme un masticatoire, purge le cerveau, & fait éternuer, & quinze de ses grains pris en breuvage, laschent le ventre.

La Laureole masle, appellée Chamædaphné, jette certaines verges lissées, droites & minces, de la hauteur d’une coudée, & sans nulles branches. Ses feüilles ressemblent aussi à celles du Laurier, quoy que plus lissées & plus vertes. Sa graine est ronde & rouge, & est attachée aux feüilles, lesquelles pilées & appliquées sur la teste en appaisent les douleurs, & moderent les ardeurs de l’estomac. Ceux qui les boivent en vin sont soulagez. Leur jus beu aussi en vin, provoque l’urine & les mois des femmes.

LAURIER. s. m. Arbre toûjours verd, qui non seulement est planté dans tous les jardins, mais qui vient de soy-mesme dans les forests, principalement aux lieux maritimes, ou aux collines & montagnes exposées au soleil, & qui ont veuë sur des lacs, ou sur la mer. Il a ses feüilles longuettes, larges en bas, & pointuës au bout, grosses, solides, & de bonne odeur. Elles sont moins étroites dans le Laurier masle, que dans le Laurier femelle. Cet arbre a sa fleur petite, pleine de mousse, presque semblable à celle d’olive, blanchastre & rendant des perles, vertes d’abord, noires quand elles sont meures, & garnies d’un gros noyau, comme le fruit de Bruscus. On les cüeille quand l’hiver commence, de mesme que les olives, & l’on en fait de l’huile appellée Laurin. Pline rapporte que Livia Drusilla étant dans son jardin, un Aigle luy jetta d’enhaut une poulle blanche qui portoit en son bec une branche de Laurier chargée de fruit ; que l’on planta cette branche en une Maison de plaisance de l’Empereur à neuf milles de Rome, proche le Tibre, & qu’encore qu’elle n’eût point de racines, elle multiplia tellement, qu’en peu d’années il y eut en ce lieu-là une forest de Lauriers ; que les Empereurs dans leurs triomphes se faisoient des couronnes de leurs rameaux, & qu’ensuite on les plantoit aux lieux les plus éminens des collines de Rome, desorte qu’on y voyoit plusieurs touffes & bocages de Lauriers qu’on appelloit Laureta. On a tenu pour certain que jamais aucun Laurier n’avoit esté frappé de la foudre, ce qui obligeoit l’Empereur Tibere de porter un chapeau de Laurier quand il tonnoit. Le Laurier a la vertu de faire du feu de soy-mesme, & ce feu en sortira, si on en frotte ensemble deux branches seches sur du soufre pulverisé. Il a aussi une proprieté fort particuliere, qui est que si on plante de ses rameaux en un champ semé de bled, toute la nielle qui le gaste s’amassera sur ces branches, & le bled en demeurera exempt. On tient que quand le Corbeau a tué le Chameleon, Beste venimeuse, il a recours au Laurier, qui luy tient lieu de contre-


poison, & que les Ramiers, les Merles, & autres oiseaux se purgent avec du Laurier. Theophraste dit qu’en la mer rouge il se trouve des Lauriers convertis en pierres. Les bayes du Laurier sont un peu plus chaudes & plus seches que ses feüilles. On s’en sert pour attenuer les humeurs grossieres, & pour discuter les vents. Elles sont aussi d’usage ainsi que les feüilles dans la colique, dans la paralysie, dans les douleurs qui suivent l’accouchement, & dans les cruditez d’estomac. On employe les feüilles exterieurement contre la piqueure des Guespes, pour amollir les tumeurs, & pour adoucir la douleur des dents par le gargarisme.

Laurier Alexandrin. Plante qui a ses feüilles semblables au Bruscus, excepté qu’elles sont plus grandes, plus blanches, & plus molles. Elle jette une graine rouge qui est de la grosseur d’un poix chiche, & qui sort d’entre les feüilles. Ses branches sont longues d’un palme & quelquefois plus, & éparpillées sur terre. Sa racine est semblable à celle du Bruscus, mais plus grosse, plus tendre & odorante. Galien dit que l’herbe du Laurier que quelques-uns appellent Alexandrin, est d’une temperature, qui est manifestement chaude, mordicante, & un peu amere au goust, & qu’estant prise en breuvage elle provoque les mois & l’urine.

On appelle Laurier rose & Laurier cerise, de petits arbres qu’on éleve dans des caisses. Ces arbres ont des fleurs rouges ou blanches comme des roses & des cerises.

LAY

LAY. s. m. Sorte de petit ouvrage de poësie qui se faisoit autrefois sur quelque sujet d’amour ou sur une matiere triste. Il y a de grands Lays & de petits Lays. Le grand Lay est un petit poëme composé de douze couplets de vers de differentes mesures sur deux rimes, & l’on en trouve dans Alain Chartier. Le petit Lay n’est que de seize ou de vingt vers divisez en quatre ou en cinq couplets. Molinet en a composé plusieurs. C’estoit la poësie Lyrique de nos vieux Poëtes François, & l’on pretend que les Lays ont esté faits sur le modelle des vers Trochaiques que les Grecs & les Latins ont employez dans leurs Tragedies. On a nommé Lays ces sortes d’ouvrages, du vieux mot Laye, qui signifie, Complainte, doleance.

LAYE. s. f. La Femelle du Sanglier. Quelques-uns disent qu’on luy a donné ce nom à cause qu’on la laissé pour faire des petits, & d’autres parce qu’elle est souvent parmy des Arbrisseaux qu’on appelle Lais.

LAYETTE. s. f. Petit coffre de bois où l’on a coustume de serrer du linge & de menuës hardes. C’est aussi le tiroir d’un buffet, d’un cabinet, d’une armoire.

On appelle encore Layettes, de petits morceaux de bois ou d’yvoire qui servent à boucher les trous de bourdon d’une Musette, & qui sont mobiles dans ses rainures.

LAYETTIER. s. m. Artisan qui fait des Layettes & autres menus ouvrages de bois, comme boëtes & caisses, sans que ces ouvrages soient couverts de peau ou de cuir.

LAZ

LAZARE. L’Ordre de S. Lazare fut establi vers l’an 1119. & estant presque reduit au neant, le Pape Pie IV. le renouvella. Ceux qui estoient de cet Ordre portoient un habit de couleur brune avec une croix rouge devant la poitrine. Il y a eu un au-


Tome III. HH bb