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ne pese pas sur le mords, on dit qu’Il est leger à la main. On dit de mesme d’un cheval de carrosse qui craint le foüet, & qui trotte legerement, qu’Il est leger.

Leger, est aussi un terme d’Architecture, & il se dit d’un ouvrage beaucoup percé, comme les peristyles, les portiques des Colomnes, c’est-à-dire, des ouvrages dont la beauté de la forme consiste dans le peu de matiere. On se sert du mesme terme en sculpture, lors qu’on veut marquer des ornemens delicats, fort recherchez, évidez & en l’air. Leger, se dit encore des parties fort saillantes des statuës, & de leurs drapperies volantes. Lors qu’il se dit des ouvrages, où l’épaisseur n’est pas proportionnée à la charge ou à l’étenduë, comme des solives & poreaux trop foibles & trop espacez, il est pris alors en mauvaise part.

LEGIERS. adj. Vieux mot. Prompt, facile.

Et moult sera legiers à faire.

LEGION. s. f. Corps de gens de guerre dans la Milice Romaine, qui estoit composé ordinairement de cinq à six mille hommes d’Infanterie & de quatre à cinq cens Chevaux. Acad. Fr. La Legion, dans le temps de Romulus, estoit de trois mille hommes, & on les divisoit en trois ordres de bataille. Elle estoit de quatre mille hommes sous les Consuls, & elle fut de cinq ou six mille hommes depuis Marius & divisée en Cohortes, chaque Cohorte de cinq ou six cens hommes, selon que la Legion estoit de cinq ou six mille ; ce qui faisoit dix ou douze Cohortes dans une Legion. Outre les Legions composées des Citoyens Romains, qui faisoient comme un Corps separé, il y en avoit une autre de Cavalerie & d’Infanterie qui estoit des Alliez, & qu’on appelloit Extraordinaire. Les gens de pied avoient divers noms dans les Legions Romaines. Ceux qu’on appelloit Velites, ce qui veut dire Prompts & legers, avoient pour armes une longue épée, une lance de trois pieds de long, & de petits boucliers ronds, qu’ils nommoient Parma tripedalis. Une espece de bonnet fait de cuir ou de la peau de quelque animal leur couvroit la teste. Ils appelloient Galea cette sorte de bonnet, qui ne differoit que dans la matiere de ceux qu’on nommoit Cassis, & qui estoient de metal. Ces Velites, parmy lesquels on comprenoit ceux qui lançoient le dard, les Archers & les Frondeurs, estoient choisis ordinairement pour suivre la Cavalerie dans les plus promptes & les plus dangereuses entreprises, comme estant les Soldats les plus dispos de toutes les Troupes. Il y en avoit d’autres qu’on appelloit Hastati, Principes & Triarii. Ils portoient un bouclier long de quatre pieds & large de deux, & avoient une longue épée à deux tranchans & ferme de pointe, avec un casque d’airain, & sa creste de mesme matiere, une espece de bottes dont le devant de la jambe estoit couvert, deux javelines, l’une plus grande qui estoit ronde ou quarrée, & l’autre plus petite. Leurs corselets estoient de fer ou d’airain & de diverses façons. Ceux qu’on appelloit Lorica hamata, estoient faits de petites mailles ou par petites écailles. Les armes de la Cavalerie estoient pour les offensives une javeline & une épée, & pour les défensives un casque, un écu & une cuirasse.

LEGUNS. s. m. Vieux mot. Legumes.

LEM

LEMBROISÉ. adj. Vieux mot. Lambrissé.

LEMME. s. m. Terme de Geometrie. Proposition préparatoire, qui n’est au lieu où elle est, que pour servir de preuve à d’autres qui suivent. Ce mot est Grec λήμμα.



LEMMER. s. m. Sorte de petite beste, qui est en beaucoup de choses semblables à une souris, dont elle differe pour la couleur, estant rousse, marquetée de noir. Elle a aussi la queuë fort courte & couverte de poils serrez. On trouve ces bestes par troupes dans la Laponie, où on les appelle Souris de montagnes & Lemblar. Elles n’y paroissent pas regulierement tous les ans, mais tout d’un coup dans de certains temps, & en telle quantité, que se répandant par tout, elles couvrent toute la terre. On a observé que cela arrive quand il fait orage, & qu’il pleut abondamment ; ce qui a fait croire à quelques-uns qu’elles tombent avec la pluye, soit que le vent les enleve, & les apporte des Isles les plus éloignées, soit qu’elles se forment dans les nuées mesmes. D’autres disent que l’on s’est persuadé que cet animal se formoit en l’air d’un temps pluvieux, à cause qu’il n’abandonne son trou qu’aprés les pluyes, n’ayant point paru auparavant, ou parce qu’il se remplit d’eau, comme croit Strabon, ou qu’il croist & grossit fort à la pluye. Ces petites bestes sont hardies & courageuses, & loin que le bruit des passans les fasse fuir, elles vont au devant de ceux qui les viennent attaquer, crient & jappent comme de petites chiennes, & sans se soucier ny de bastons ny de halebardes, sautent & s’élancent sur leurs Ennemis en les mordant de colere. Elles se tiennent toûjours le long des costeaux & dans les brossailles, sans entrer jamais dans les maisons ny dans les cabanes. Ces animaux se font quelquefois la guerre les uns aux autres, & se partagent comme en deux armées rangées en bataille le long des lacs & des prez, ce que les Lapons prennent pour des presages des guerres qui doivent arriver en Suede. S’ils les voyent venir du costé de l’Orient, ils concluent qu’ils auront la guerre avec les Russiens, & s’ils remarquent qu’ils soient venus du costé de l’Occident, ils tiennent pour infaillible qu’ils seront attaquez par les Danois. Ces petites bestes ont pour ennemis les hermines qui s’en engraissent, les renards qui les attrapent & les trainent dans leurs tanieres, où quelquefois ils en gardent des milliers dont ils se nourrissent, & enfin les Rennes, qui mangent aussi de cette espece de Souris de montagnes, & particulierement en Esté. Outre que le grand nombre en diminuë fort par là, elles se font aussi mourir elles-mesmes, ou en mangeant l’herbe qui a repoussé depuis qu’elles l’ont mangée la premiere fois, ou en montant sur les arbres où elles se pendent à quelque branche fenduë, ou en se jettant dans l’eau aprés s’estre assemblées par troupes à la maniere des hirondelles quand elles veulent partir, ce qui fait qu’on les trouve souvent par milliers dans un mesme endroit mortes & entassées les unes sur les autres.

LEMNIENNE. adj. f. Epithete qui se donne à une terre que tous les Auteurs conviennent qui se trouve dans l’Isle de Lemnos auprés d’une Ville appellée Hephestias, au haut d’une colline rougeastre qui ne porte aucune plante. La terre Lemnienne, pour estre bonne, outre sa stipticité, doit estre rousse comme toutes les terres medicinales, & en quelque façon aromatique, mais comme il est fort aisé de luy donner ces deux qualitez, il est comme impossible de s’asseurer d’en avoir de veritable. C’est ce qui est cause qu’on luy substitue ordinairement le bol d’Armenie dans la composition de la Theriaque.

LEMURIES. s. f. Feste que celebroient les Romains le 9. de May à l’honneur des Dieux Lemures. Cette feste duroit trois nuits, & on en laissoit toûjours une de repos entre deux. La ceremonie consistoit à


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