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jetter des feves dans le feu qui brusloit sur l’autel, dans la pensée qu’on chassoit par là les Lemures des maisons, ou qu’on empeschoit qu’ils n’y entrassent. Ils donnoient ce nom aux ombres & aux fantosmes des Morts, qui apparoissoient la nuit. Tant que duroit cette feste, les Temples estoient fermez, & on ne faisoit aucunes noces, dans la superstition où l’on estoit que les mariages qui se feroient pendant ce temps-là, seroient malheureux.

LEN

LENIFIER. v. a. Adoucir. Ce mot n’est en usage que parmy les Medecins.

LENITIF. s. m. Electuaire mol, purgatif, où l’on fait entrer outre le sucre, le sené, le polypode, les raisins damas, l’orge mondé, la mercuriale, la semence des violettes, l’adianthe noir, les sebestes, les jujubes, les pommes, la reglisse, les tamarins, la conserve de viole, la poulpe de casse, & l’anis. On l’appelle Lenitif, à cause qu’il ouvre le ventre en adoucissant & lenifiant, & qu’il évacuë fort doucement l’une & l’autre bile. Cet Electuaire est fort propre aux fievres engendrées par des humeurs corrompuës, ainsi qu’à la pleuresie.

LENTICULAIRE. adj. Terme d’Optique. Il se dit d’un verre de lunette couverte, qui est plat, rond, & plus épais au milieu qu’aux bords. On l’appelle ainsi à cause qu’il approche de la figure d’une lentille.

LENTILLE. s. f. Sorte de legume dont la plante a la feüille un peu moindre que celle de la vesce. Sa fleur est presque semblable. Elle jette de petites gousses serrées & un peu plattes, dans lesquelles sont les Lentilles, au nombre de trois ou quatre au plus dans chacune, rondes, pressées, & couvertes d’une petite pellicule. Il y en a de deux sortes, de blanches & de cendrées. Les blanches sont les plus petites & les meilleures. La fleur des cendrées est blanche, purpurine, & celle des autres est seulement blanche. Elles meurent, si on laisse les graterons quand il en vient auprés des Lentilles. Galien dit qu’elles sont fort astringentes, & que leur chair resserre & desseche le ventre, mais que leur decoction le lasche. Estant pelées, elles perdent toute leur astriction & nourrissent davantage, mais on ne les digere pas aisement, & elles engendrent un gros sang qui fait des humeurs melancoliques.

Il y a une Lentille de marais, que Dioscoride dit estre une mousse qui ressemble à la Lentille. Sa feüille est ronde, petite, & a une forme de Lentille. Elle est attachée à de petits capillamens minces, & nage sur les eaux dormantes, principalement sur celles des fossez des Villes & des Chasteaux. S’il arrive que quelque inondation la transporte dans des eaux courantes, elle n’approche pas si-tost de la rive qu’elle y prend racine, & s’étend de la mesme sorte que fait le cresson. On estime fort la distillation de cette Lentille de marais pour les inflammations des parties nobles, & pour les fievres pestilentielles. L’herbe fraischement tirée de l’eau, & appliquée sur le front, appaise les douleurs de teste qui proviennent de chaleur. Matthiole parle d’une autre Lentille de marais. Sa tige qui est anguleuse se traine sur l’eau par intervalles, elle produit force feüilles, qui sont rondes à la cime, & attachées quatre à quatre & en croix à des queuës minces & longues. Sa graine sort de la tige mesme & entre les queuës des feüilles. Elle est amassée en façon de grappe, & a la forme d’une Lentille, quoy que pourtant elle ne soit pas si platte. Elle est noirastre, dure, épaisse, & attachée à de longues queuës.



LENTISQUE. s. m. Arbre fort commun en Italie, & dont on trouve beaucoup aux vieilles ruines & masures, & en la coste de la mer Tyrrhene, tirant vers Gayette & Naples. On en voit de la grandeur d’un demi-arbre, & d’autres qui sont petits, & qui sans avoir un tronc fort gros, poussent à force des rejettons comme les coudres. Plus le Lentisque est massif & a ses feüilles épaisses, plus ses branches s’abaissent contre terre. Les feüilles de l’un & de l’autre, ressemblent à celles des pistaches. Elles sont grasses, fresles, & d’un vert obscur, quoy qu’elles ayent le bout & certaines petites veines rouges. Cet arbre est toûjours verd, & a son écorce roussastre, pliante & gluante. Outre ses fruits qui sont faits en grappe, il jette de petites bourses recourbées comme une gousse, & dans ces bourses il y a une liqueur claire, qui avec le temps se convertit en bestes, semblables à celles qui sortent des vessies qui croissent sur les Terebinthes & les ormes. Le Lentisque a une odeur forte, qui oblige plusieurs à le fuir à cause qu’il appesantit la teste. Le mastic sort du Lentisque par le moyen des incisions que l’on fait à son écorce, & le meilleur qu’on recueille est à Chio, Isle de la mer Aegée où cet arbre croist en abondance plus qu’en aucun autre lieu. Matthiole dit que les Insulaires de Chio l’ont en telle estime, que s’il arrive que quelqu’un arrache un Lentisque portant du mastic, soit sur sa terre, soit sur celle d’autruy, ils le condamnent à avoir la main coupée. On trouve aussi en Candie des Lentisques qui produisent le mastic, mais jaune, amer, & moindre en bonté. On se sert encore de la semence du Lentisque pour faire une excellente huile par expression, mais elle n’est pas beaucoup en usage en France. On fait de son bois des curedens merveilleux, non seulement pour se nettoyer les dents, mais encore pour se fortifier les gencives, & se rendre l’haleine agreable.

LEO

LEONIMETÉ. s. f. Sorte de poësie ancienne, dont les vers riment au milieu ainsi qu’à la fin.

Seigneurs, qui en vos Livres par maistrie mettez
Equivocations & Leonimetez.

On a dit aussi Leonine, & Leonisme. Pasquier croit qu’on a dit Vers Leonins, d’un Leoninus ou Leonius, Religieux de saint Victor, qui vivoit sous Loüis VII. en 1154. & qui fit plusieurs Vers Latins rimez tant à l’hemistiche qu’à la fin, & mesme un Monorime qu’il dédia au Pape Alexandre III. l’Ecole de Salerne, Merlin, & autres, ont fait des vers en rime Leonine.

LEONTOPETALON. s. m. Plante, dont la tige est haute d’un bon palme & quelquefois plus, & qui a diverses concavitez, dont sortent plusieurs ailes. Elle porte à sa cime deux ou trois grains en certaines gousses, faites en maniere de chiches. Ses fleurs sont rouges & semblables à celles de l’anemone, & elle a ses feuilles comme le chou, mais déchiquetées comme celles du pavot. Sa racine est noire, & faite comme une rave, toute bossuë & pleine de durillons. Le Leontopetalon croist parmy les bleds, & on se sert principalement de sa racine. Elle est resolutive, & prise en breuvage avec du vin, c’est un remede singulier contre les piqueures des Serpens. Ce mot vient du Grec λέων, Lyon, & de πέταλον, Feüille ; chez les Apothicaires Pata leonis ; en François Pied de Lyon.

LEONTOPODIUM. s. m. Petite herbe de la hauteur de deux doigts, qui produit ses feüilles de la longueur de trois ou quatre. Elles sont étroites &