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l'hameçon. On s'en sert à pescher des maquereaux.

LIBRES.

s. m. Heretiques qui se donnerent ce nom pour ne se pas sousmettre au gouvernement Ecclesiastique & Seculier. Ils embrasserent les erreurs des Anabaptistes, & parurent dans le dernier siecle. Ils pretendoient que l'homme fust hors d'état de pecher aprés qu'il avoit receu le baptesme, & croyoient qu'il n'y avoit que la chair qui pechast. Ils avoient communauté pour les femmes, & les mariages qui se contractoient entre un frere & une sœur, estoient appellez par eux mariages spirituels. Quand les maris n'estoient pas de leur secte, ils défendoient à leurs Femmes de leur obeir.

LIC

LICE.

s. f. Terme de Cordier. Baston qui est au haut du marchepied & qui sert lors que le Cordier fait de la sangle. Les Rubaniers nomment Lices plusieurs fils soustenus par un liceron.

LICERON.

s. m. Terme de Rubanier. Petit morceau de bois plat qui soustient les lices.

LICHARDER.

v. n. Vieux mot. Prendre les meilleurs morceaux de la table.

LICITATION.

s. f. Terme de Pratique. Enchere receuë en Justice dans la vente d'un immeuble, qu'il est malaisé de partager, & dont les Coproprietaires ne veulent point joüir par indivis. Ce mot vient du Latin Licitari, qui veut dire, Augmenter le prix de quelque chose.

LICORNE.

s. f. Sorte d'animal qui se trouve dans les montagnes de la haute Ethiopie, & qui est de couleur cendrée. La Licorne, comme elle est décrite dans Marmol, ressemble à un poulain de deux ans, excepté qu'elle a une barbe de bouc, & au milieu du front une corne de trois pieds, polie, blanche & rayée de rayes jaunes. Ses pieds ont de l'air de ceux de l'Elefant, & sa queuë tient quelque chose de celle du sanglier. Cet animal est si fin, & court d'une si grande vistesse qu'on ne le peut prendre. On pretend que sa corne serve de contrepoison. Il y a un animal que les Ethiopiens nomment Arvveharis, que le Pere Jerôme Lupo Jesuite croit estre la Licorne des anciens. Il est extremement viste, n'a qu'une corne, & ressemble à un Chevreüil. Force habiles gens ont cru qu'il n'y avoit point de Licorne, & que tout ce qu'on en disoit estoit une fable, fondez sur ce qu'on a dit qu'on ne la pouvoit prendre vivante, & qu'elle estoit composée de deux differentes natures, outre que plusieurs ne s'accordent point touchant la description de cet animal. Cependant Jean Gabriel Portugais asseure avoir veu dans le Royaume de Damot, une Licorne qui avoit une belle corne blanche au front, longue d'un pied & demy. Le poil de son col & de sa queuë estoit noir & court, & cet animal estoit de la forme & de la grandeur d'un cheval bay. Les Habitans témoignoient qu'il sortoit tres - rarement des forests, où il vivoit dans les endroits les plus reculez & les plus épais. Les Portugais que l'Empereur Adamat Sagnet avoit releguez sur une roche du territoire de Nanin au Royaume de Goiam, ont aussi asseuré avoir veu plusieurs Licornes qui paissoient dans les forests situées au dessous de cette roche. Vincent le Blanc rapporte qu'il a veu une Licorne dans le serrail du Roy de Pegu, dont la langue estoit toute differente de celle des autres bestes, sçavoir fort longue & raboteuse. Sa teste ressembloit plustost à un Cerf qu'à un Cheval. Il ajoûte qu'un Bramin luy avoit juré qu'il s'estoit trouvé à la prise d'une Licorne avec le Roy de Casubi ; qu'elle estoit toute blanche & fort vieille, en sorte que


comme les machoires luy pendoient, elle monstroit ses dents toutes décharnées, & qu'elle se défendit avec une si grande fureur, qu'elle rompit sa corne contre les branches d'un arbre. Elle fut prise, & on la lia pour la mener au Palais du Roy, mais elle ne voulut point manger, & ne vécut que cinq jours. Louis de Bartheme raconte dans ses Voyages qu'il a veu chez le Soldan de la Meque en Arabie deux Licornes qui luy avoient esté envoyées par un Roy d'Ethiopie. Elles estoient grandes comme un poulain de trente mois, de couleur obscure, & elles avoient la teste presque comme un Cerf, une corne de trois brasses de long, quelque peu de crin, les jambes menuës, le pied fendu, & les ongles d'une Chevre. Quelques-uns tiennent que la force de cet animal est dans sa corne, & qu'en tombant dessus lors qu'il se precipite du haut des rochers pour éviter les poursuites des Chasseurs, cette corne soustient si bien l'effort de sa cheute qu'il ne se fait point de mal.

Il y a aussi des Licornes de mer, & il s'en échoüa une en 1644. au rivage de l'Isle de la Tortuë, voisine de celle de saint Domingue, qui estoit prodigieuse. Elle poursuivoit un poisson mediocre avec une telle impetuosité, que ne s'appercevant pas qu'elle avoit besoin de plus grande eau pour nager, elle se trouva la moitié du corps à sec sur un grand banc de sable, d'où elle ne put regagner la haute mer, & où elle fut assommée par les habitans de l'Isle. Sa longueur estoit à peu prés de dix-huit pieds, & sa grosseur comme une barique. Elle avoit six grandes nageoires, d'un rouge vermeil, & faites comme le bout d'une rame de galere. Il y en avoit deux placées au defaut des oüyes, & les quatre autres estoient à costé du ventre dans une égale distance. Tout le dessus estoit couvert de grandes écailles de la largeur d'un écu, & d'un bleu qui sembloit tout parsemé de paillettes d'argent. Celles qu'on luy voyoit sous le ventre estoient jaunes, & elles estoient de couleur brune, & plus serrées auprés du col, ce qui luy faisoit une espece de collier. Sa peau estoit dure & brune, & comme les Licornes de terre portent une corne au front, cette Licorne de mer en avoit une parfaitement belle au devant de la teste, longue de plus de neuf pieds. Cette corne estoit entierement droite, & depuis le front où elle estoit attachée, elle alloit toûjours en diminuant jusqu'à l'autre bout, qui estoit tellement pointu, qu'estant poussée avec force, elle auroit percé les matieres les plus dures. Le gros bout qui tenoit avec sa teste avoit seize pouces de circonference, & de là jusques aux deux tiers, cette corne estoit façonnée en ondes comme une colomne torse, excepté que ses enfonceures alloient toûjours en amoindrissant, jusqu'à ce qu'elles fussent remplies & terminées par un adoucissement qui finissoit deux pouces au dessus du quatriéme pied. Toute cette partie basse estoit encroustée d'un cuir cendré, & couvert par tout d'un petit poil mollet de couleur de feüille morte, & court comme du velours, mais au dessous elle estoit extremement blanche. L'autre partie qui paroissoit toute nuë, estoit naturellement polie, d'un noir luisant, marqueté de quelques menus filets blancs & jaunes. Cette partie estoit tellement solide, qu'à peine la lime en pouvoit faire sortir quelque menuë poudre. Ce monstrueux & rare poisson n'avoit point d'oreilles élevées, mais deux grandes ouyes comme les autres poissons, avec des yeux aussi gros qu'un œuf de poule, & dont la prunelle estoit d'un bleu celeste émaillé de jaune, & entourée d'un cercle vermeil qui estoit suivi d'un autre cercle fort clair, & luisant comme cristal. Quantité de dents