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plus doux & reçoit un beau poly au grez. Il se tire vers saint Cloud, & on tire les deux autres d'une mesme carriere hors la porte S. Jacques. Toutes ces especes de Liais portent depuis six pouces jusques à huit de hauteur.

LIAISON.

s. f. Union, jonction de deux corps ensemble. Acad. Fr. C'est au si un terme de Fauconnerie, & il se dit des ongles & des serres des oiseaux de proye, & de la maniere dont ils lient le gibier lors qu'ils l'enlevent. Les oiseaux qui ont la liaison crochuë posent rarement sur les rochers, à cause que leurs crocs n'y peuvent prendre.

On appelle Maçonnerie en liaison, Celle où les pierres sont posées les unes sur les autres, & où les joints sont de niveau, mais de telle sorte que le joint du second lit pose sur le milieu de la pierre du premier.

La liaison de joint, n'est autre chose que le mortier ou le plastre détrempé qu'on employe à ficher & à jointoyer les pierres. On dit, qu'Une Liaison est à sec, quand les pierres en sont posées sans mortier, leurs lits estant polis & frotez au grez, comme on le remarque dans la construction de plusieurs bastimens antiques, qui ont esté faits des plus grands quartiers de pierre.

Les Paveurs appellent aussi Liaison de pavé, Les pavez qui sont disposez d'un certain sens, qui les fait resister aux rouës des chariots, des harnois & des carrosses.

LIAISONNER.

v. a. Terme de Maçonnerie. Arranger les pierres de telle maniere que les joints des unes portent sur le milieu des autres. On dit aussi Liaisonner, pour dire, Remplir de mortier les joints des pierres pendant qu'elles sont sur les cales.

LIARD.

s. m. Petite piece de monnoye blanche valant trois deniers, & qui avoit cours du temps de François I. Il y avoit d'un costé une croix entre deux lis & une couronne, & au revers un Dauphin avec ces mots pour legende. Sit nomen Domini benedictum. Par une Declaration du Roy, donnée en 1654. il fut ordonné qu'on fabriqueroit des liards de cuivre pur, & sans aucun meslange de fin, & on leur donna le nom de Liards de France, mais ils furent reduits à deux deniers quatre années aprés. Ils en valent trois presentement. On fait venir le mot de Liard de ce que cette monnoye se fabriquoit en Guienne du temps de Philippe le Hardy, & par corruption on luy donna le nom de Li hardis, comme estant une monnoye ordonnée par Philippe le Hardy. On disoit li pour le en ce temps-là.

LIARDE.

adj. Vieux mot, qui se trouve employé dans la signification d'une sorte de couleur.

Non pas morel contre morelle

Seulement, mais contre fauvelle,

Contre grise, ou contre liarde.

LIB

LIBAGE.

s. m. Gros moilon ou quartier de pierre mal fait dont il y a cinq ou six à la voye. Les Libages sont differens des carreaux en ce qu'ils se font du ciel des carrieres, & qu'une pierre qui est vraye pierre de taille, n'est jamais Libage que quand on n'en peut rien faire.

LIBELLATIQUES.

s. m. On nomma ainsi dans la primitive Eglise, certains timides Chrestiens, qui pour mettre à couvert leurs vies & leurs biens pendant le temps de la persecution, alloient trouver en secret les Magistrats, en presence desquels ils protestoient qu'ils renonçoient à la foy. S'ils


ne le faisoient pas par eux-mesmes, ils faisoient faire cette renonciation par quelque personne interposée, & les Magistrats gagnez par argent, ou les voulant bien favoriser, les dispensoient de la faire publiquement, comme le vouloit la Loy generale, & leur donnoient un billet qui attestoit que suivant les Edits des Empereurs, ils avoient sacrifié aux Idoles. L'Eglise d'Afrique ne recevoit à la communion des Fidelles ceux qui venoient confesser ce crime, qu'aprés leur avoir fait faire une longue penitence.

LIBERATORES.

s. m. Heretiques qui enseignoient que Jesus-Christ, en descendant aux Enfers, avoit délivré tous les impies qui avoient cru pour lors en luy. Ce mot est entierement Latin.

LIBERTINS.

s. m. Secte d'Heretiques qui ont eu Quintin, Tailleur d'habits, pour auteur. Il estoit de Picardie, & debitoit ses erreurs vers l'an 1525. dans la Hollande & dans le Brabant. Elles estoient abominables, puis qu'il enseignoit que tout le mal ou le bien que nous faisons, nous ne le faisons pas, mais l'Esprit de Dieu qui est en nous ; que le peché n'estoit qu'une opinion ; qu'en punissant ou reprenant les Pecheurs, nous punissions ou reprenions Dieu mesme ; que celuy-là seul estoit regeneré qui n'avoit point de remords de conscience, & celuy-là seul converty qui reconnoissoit qu'il n'avoit point fait de mal ; que l'homme peut estre parfait & innocent en cette vie ; que la connoissance que nous avons de Jesus-Christ & de la resurrection, n'a rien de réel, & que la Religion permet de feindre. Ainsi ils vouloient que l'on se dist Catholique avec les Orthodoxes, & Lutherien avec les Lutheriens. Ils méprisoient l'Ecriture, & nommoient saint Jean un insensé, saint Matthieu un peager, saint Paul un Vaisseau rompu, & saint Pierre un renieur de son maistre. Il y a encore des Libertins en Hollande, qui ont chacun leur sentiment particulier. La pluspart croyent qu'il y a un seul Esprit de Dieu qui est répandu dans tous les vivans, & qui vit dans toutes les creatures ; que la substance & l'immortalité de nostre ame n'est que cet Esprit de Dieu ; que Dieu luy-mesme n'est autre chose que cet Esprit ; que les ames meurent avec les corps ; que le peché n'est rien ; que ce n'est qu'une vaine opinion qui s'évanoüit pourveu qu'on n'en tienne point de compte ; que le Paradis n'est qu'une chimere inventée par les Theologiens, pour porter les hommes à embrasser ce qu'on appelle vertu, & l'Enfer un pur fantosme pour les empescher d'estre heureux en faisant ce qui leur plaist ; & qu'enfin les Politiques se servent de la Religion, pour obliger les peuples à se sousmettre aux Loix, & avoir par ce moyen une Republique bien policée, & un Estat bien reglé.

LIBERATION.

s. f. Terme de Jurisprudence. Décharge. On dit, qu'Un homme a obtenu la liberation d'une servitude qui estoit sur sa maison, la liberation d'une dette, pour dire, qu'Il a esté déchargé de cette servitude, de cette dette.

LIBERTÉ.

s. f. Terme de Peinture. Facilité. On dit, qu'Un Tableau est peint avec une grande liberté de pinceau, pour dire, Avec beaucoup de facilité. On dit aussi, qu'Il est dessiné librement, franchement. On dit dans le mesme sens, Liberté, franchise de burin.

Les Eperonniers appellent Liberté de langue, l'Ouverture qu'ils font au milieu de l'emboucheure, & qui sert non seulement à la fortifier, mais à donner place à la langue du Cheval.

LIBOURET.

s. m. Terme de Marine. Espece de ligne qui a deux ou trois petites cordes où s'attache

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