Page:Corneille - Dictionnaire des arts, 1694, T1, E-L.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

622 LIE LIE

re est de couleur, le balot ne contient que douze Liens & demy, & il n'y a que trois tables à chaque lien. On appelle Liens de plomb, Le petit morceau de plomb dont est liée la verge de fer qui est le long du panneau, & qui pose de chaque costé sur le chassis.

Lien. Terme de Chapelier. Ce qui est au bas de la forme du chapeau, & où l'on met la ficelle lors qu'il faut l'enficeler.

LIENES.

s. f. On appelle ainsi dans les Isles de l'Amerique certaines especes de bois qui rampent par terre, & qui s'attachant aux arbres, empeschent souvent qu'on ne traverse facilement les forests. Il y a de ces Lienes en forme de gros cables de navire, & d'autres qui portent des fleurs de differentes couleurs. On en voit mesme qui sont chargées de grosses siliques tannées, longues d'un pied, larges de quatre ou cinq pouces, & dures comme l'écorce du chesne. Ces siliques contiennent ces fruits curieux, appellez Chastaignes de mer, qui ont la figure d'un cœur, & dont on se sert souvent, aprés les avoir vuidez de leur poulpe, pour conserver du tabac pulverisé, ou quelque autre poudre de senteur. Les Habitans appellent Pommes de Lienes, Un fruit qui croist sur une sorte de Vime, qui s'attache aux gros arbres, comme fait le lierre. Ce fruit est de la grosseur d'une bale de jeu de Paume, & couvert d'une coque dure & d'une peau verte, contenant au dedans une substance, laquelle estant meure, a la figure & le goust de groseille. Le Pere du Tertre parlant des Antilles, dit qu'ayant veu un certain fruit dont le dedans estoit blanc, solide & de mesme goust que les avelines, gros comme une chastaigne, & qui luy estoit assez semblable, excepté que l'écorce en estoit noire, & avoit beaucoup de rapport à celle qui couvre le pignon d'Inde, il avoit long-temps cherché l'arbre qui portoit ce fruit, & avoit enfin trouvé une plante ligneuse & rampante par dessus les autres arbres, qui avoit quelques feüilles vertes & polies comme celles du Laurier, mais deux fois aussi longues, & que de cette plante pendoient des pommes jaunes, grosses comme celles de rambour. Dans le milieu de chacune de ces pommes, appellées dans les Isles Pommes de Lienes ou de Lianes, il y avoit quatre de ces fruits, enfermez chacun dans une cellule particuliere, faite de la substance de cette pomme, qui n'est autre chose qu'une chair spongieuse & insipide.

LIENTERIE.

s. f. Terme de Medecine. Devoyement dans lequel on rend les alimens comme on les a pris, ou à demi digerez. Il vient de ce que le levain de l'estomac manque entierement, ou est émoussé, ou parce que le pylore est tellement relasché, & les autres parties du ventricule en mesme temps si fort irritées, qu'il laisse sortir les alimens au lieu de les retenir. Cela arrive sur tout quand l'irritation de l'estomac est jointe avec la relaxation du pylore. On a veu une Lienterie tres-opiniastre qui avoit esté causée par un ulcere du ventricule. Non seulement cet ulcere avoit corrompu le levain de l'estomac & affoibli la digestion, mais il irritoit incessamment ce viscere & l'empeschoit de rien retenir. L'ulcere fut gueri, & par consequent la Lienterie. L'excez de la boisson peut causer ce mal en relaschant trop l'estomac, & particulierement le pylore, dont les fibres estant relaschées ne se peuvent resserrer suffisamment pour retenir les alimens, ce qui fait qu'ils sortent avant qu'ils ayent esté digerez. La Lienterie accompagne d'ordinaire le Scorbut. Cela vient de ce que les scorbutiques ayant leurs gencives pleines d'ulceres, la salive de ces ulceres qui descend dans l'estomac luy doit causer de l'irritation, outre que les alimens dans la masti-


cation ayant esté empreins de cette mesme salive, ne peuvent pas ne luy en point causer de leur costé, desorte que ces alimens passent outre au moindre relaschement du pylore. La Lienterie qui survient à de grandes maladies aiguës ou chroniques, est difficile à guerir à cause de l'abbattement des forces qu'il faudroit reparer par des alimens. Ce mot est Grec leionteria, de leios, Poli, & de enteron, Intestin.

LIER.

v. a. Mot du vieux langage. Perceval l'employe dans la signification de Laisser.

LIERNE.

s. f. Terme de Charpenterie. Piece de bois qui sert à faire les planchers en galetas. Ces sortes de pieces s'assemblent sous les faistes d'un poinçon à l'autre. On appelle Lierne ronde, Une piece de bois courbée selon le pourtour d'une coupole. Quand il y en à plusieurs assemblées de niveau, elles forment des cours de Liernes par étages, & reçoivent à tenons & à mortoises les chevrons courbes d'un Dôme. On dit aussi Lierne de palée. C'est une piece de bois, qui estant boulonnée avec les fils de pieux d'une palée, sert à les lier ensemble. On s'en sert pour le mesme usage lors qu'on fait des bastardeaux. Elle n'a point d'entaille pour accoler les pieux, & c'est en quoy elle est differente de la Moïse. On appelle encore Liernes, Certaines nerveures dans les voutes Gothiques qui font une maniere de croix, & qui se joignent à la clef par un bout, & par l'autre aux tiercerons.

LIERNER.

v. n. Terme de Charpenterie. Attacher des Liernes.

LIERRE.

s. m. Sorte de plante, qui rampe ou à terre ou contre les murailles, ou autour des arbres. Acad. Fr. Quoy qu'il y ait plusieurs especes de Lierre en particulier, dont Theophraste fait mention, Dioscoride parle seulement de trois. L'un est blanc, l'autre noir, & le troisiéme se tient agraffé aux arbres & aux murailles. Le blanc porte son fruit blanc, & le noir le porte noir ou jaune. Cette espece s'appelle communément Dionysia. Quant au Lierre des murailles, il ne produit point de fruit, & a de petits tendons ou filets fort deliez. Ses feüilles sont petites & anguleuses. Tout Lierre, dit le mesme Dioscoride, est acre & astringent, & affoiblit & blesse les nerfs. Sa fleur prise en breuvage avec du vin deux fois chaque jour, & autant que trois doigts en peuvent tenir, est un singulier remede pour ceux qui ont la dysenterie. Matthiole, sans s'arrester aux differentes sortes de Lierres de Theophraste, n'en connoist que deux, le grand, & le petit. Le grand, qu'il appelle Arbre, ne vient pas seulement dans les forests, où il embrasse si bien les grands arbres qu'il les fait mourir, mais aussi aux vieux édifices, murailles & sepulcres qu'il fait enfin tomber en ruine. D'abord il jette une feüille longuette & semblable à celle du poirier, laquelle par succession de temps devient de forme triangulaire. Du reste, elle est lissée, grosse, & attachée à une longue queuë, ayant un goust entremeslé d'acuité, d'aigreur & d'amertume. Le grand Lierre fleurit sur la fin de l'Automne, & ses fleurs sont moussuës & pasles. L'Hiver il en sort des raisins, un peu plus grands que ceux de Trœsne, & verds au commencement, puis noirs vers le mois de Janvier, quand ils ont atteint leur maturité. Le petit qu'on appelle Helix, est sterile, & ne monte guere sur les arbres. Il se traine ou par terre, ou sur les pierres, hayes, ramparts ou vieilles masures, ayant toûjours sa feüille triangulaire, & marquetée de petites taches. Les Serpents aiment fort le Lierre à cause qu'ils se cachent dedans en Hiver, & qu'ils s'entretiennent par sa chaleur. Le jus des feüilles pris en gros vin est bon