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630 LIQ LIS LIS

proprement Epiphora. Le mot de Lippitude, est latin Lippitudo. Quelques-uns le font venir du Grec lips, Pierre d'où dégoutte l'eau, à cause que l'humeur dégoutte de mesme des yeux d'un chassieux.

LIQ

LIQUIDAMBAR.

s. m. Huile, ou resine oleagineuse qui distille d'un arbre fort beau & fort haut que les Indiens nomment Ocoscol. Elle est composée de deux parties, l'une seche & l'autre liquide. La partie la plus liquide estant recuëillie separement ou tirée par expression, porte le nom de Liquidambar, qui veut dire, Ambre liquide, à cause de son odeur qui estant tres-forte, est aussi tres-agreable.

LIQUIDATION.

s. f. Terme de Pratique. Action par laquelle on regle à une certaine somme les dépens, les interests, ou les dommages & interests. On dit Faire la Liquidation des dépens, pour dire, Arrester au bas de la Declaration ou du Memoire la taxe des frais qu'on a esté obligé de faire pendant la poursuite d'un procez.

LIQUIDATION.

s. f. Terme de Pratique. Action par laquelle on regle à une certaine somme les dépens, les interests, ou les dommages & interests. On dit Faire la Liquidation des dépens, pour dire, Arrester au bas de la Declaration ou du Memoire la taxe des frais qu'on a esté obligé de faire pendant la poursuite d'un procez.

LIS

LIS.

s. m. Plante qui jette de longues feüilles toûjours verdoyantes, lissées, grasses, & semblables à celles du Pancratium. Sa tige est de la hauteur de deux coudées, ronde, droite, lissée, ferme, grasse & revestuë de feüilles depuis la racine jusques à la cime ; il en sort trois ou quatre branches qui portent de petites testes, longuettes, vertes, qui avec le temps deviennent d'une blancheur merveilleuse, & d'une excellente odeur, rendant la fleur de Lis en maniere de panier, ridée par dehors & ayant ses bords renversez. Du milieu de cette fleur s'élevent de petites languettes jaunes & poudreuses qui ont une autre odeur que la fleur, & du milieu de ces petites languettes sort un festu avec un bouton à sa cime de couleur verte. Sa racine est bulbeuse, blanchastre, & toute écaillée comme la Joubarbe ; ses écailles sont un peu grosses & pleines de jus. Pline qui parle amplement des Lis, dit qu'il y a une autre fleur qui luy est assez semblable que l'on appelle en latin Convolvulus ; qu'elle croist parmy les hayes sans aucune odeur, & sans aucuns filamens jaunes au dedans, mais ayant seulement la blancheur du Lis, desorte qu'il semble que ce soit le coup d'essay de la nature, lorsqu'elle a voulu former cette Fleur. Il ajoûte qu'on trouve aussi des Lis rouges que les Grecs appellent krinon, & dont quelques-uns nomment la fleur kunorrhodon, Rose de Chien ; qu'il y a de ces Lis rouges qui produisent quelquefois deux tiges, quoy qu'ils n'ayent qu'un seul oignon, mais plus gros & plus charnu que les autres, & que pour en avoir de cette couleur, il faut au mois de Juillet, lorsque les tiges du Lis commencent à estre seches, les couper avec la fleur & les mettre ensuite secher à la fumée. Vers le mois de Mars suivant, quand tous leurs nœuds & toutes leurs jointures sont denuées, on met détremper ces tiges dans de la lie de gros vin pour leur donner la couleur, aprés quoy on les enterre & on les couvre de lie, ce qui les fait venir rouges. Pour faire fleurir les Lis en differentes saisons, il faut planter leurs oignons les uns plus avant en terre que les autres, & cela est cause qu'ils fleurissent en divers temps. On se sert de la racine de Lis dans les decoctions émollientes & dans les cataplasmes, soit pour amollir, soit pour faire venir quelques abscez à suppuration. Les fleurs échauffent, digerent & amolissent aussi-bien que


les racines. On en fait aussi de l'huile, appellée Oleum Liliorum, qui sert à adoucir & à digerer les humeurs qui causent de la douleur à la poitrine, à l'estomac, à la matrice, dans les reins, & dans la vessie.

Dioscoride fait aussi mention d'un Lis jaune, qui a sa tige & ses feüilles semblables au Lis & vertes comme un porreau. Ses fleurs qui sortent à trois ou quatre à la cime de la tige, sont divisées & comparties de mesme que celles du Lis. Quand elles commencent à s'ouvrir, elles sont fort pasles. Sa racine est grosse & bulbeuse, & a plusieurs costes. Estant appliquée sur les brusleures, elle les soulage. Ses feüilles broyées appaisent les inflammations des mammelles des nouvelles accouchées, & servent pour toutes sortes d'apostumes d'yeux. Les Grecs l'appellent hêmerokallis, qui veut dire, Dont la beauté ne dure qu'un jour, & le peuple d'Italie luy donne le nom de Lis sauvage. Matthiole dit que cette sorte de Lis y croist en abondance dans les prez & parmy les bleds, tant aux montagnes que dans les collines, & que ceux qui prennent le Muguet pour l'Hemerocallis se trompent fort.

On trouve dans les Isles de l'Amerique deux sortes de Lis, l'un blanc & l'autre orangé. Le blanc ressemble à nos Lis pour l'oignon & pour les feüilles, au milieu desquelles l'oignon pousse une tige verte, creuse & haute d'un pied & demy, chargée de cinq ou six petites fleurs blanches, longuettes, fort delicates, & qui jusqu'au haut sont assez semblables à celles de nos Narcisses, si ce n'est que le tuyau du milieu est environné de cinq petites feüilles, & qu'il se divise en un pareil nombre d'autres fort estroites, & longues comme le doigt. Du milieu de ces fleurs qui ont une odeur fort penetrante, & aussi agreable que celle de la Tubereuse, sortent quelques petits filets blancs longs comme le doigt, & qui ont de petites languettes jaunes. L'autre sorte de Lis produit au haut de sa tige cinq ou six fleurs comme de petites Tulipes de couleur orangé pasle à fond blanc par dedans. Les feüilles de cette derniere espece de Lis, sont beaucoup plus minces & plus delicates que celles de nos Tulipes. Ces Lis ont cinq petits filets à languettes jaunes, mais ils n'ont point de bouton comme les tulipes. Cette fleur est fort belle, mais sans nulle odeur.

Lis. Sorte de Monnoye d'or & d'argent, dont la fabrication fut ordonnée sur la fin de l'année 1655. Les Lis d'or valoient sept francs, & avoient d'un costé deux manieres d'Anges qui soustenoient un Ecusson où estoient trois fleurs de lis, & pour legende du mesme costé, Domine, elegisti Lilium tibi. Ils avoient de l'autre costé une croix cantonnée de quatre fleurs de lis & pour legende Ludovicus decimus quartus, Dei gratia Franciae & Navarrae Rex. Ils furent decriez par une Declaration du 28. Mars 1679. Les Lis d'argent valoient vingt sols, & le Roy en deffendit le cours dés l'année 1656.

Lis. Ordre militaire de Navarre, nommé autrement Nostre-Dame du Lis. Il fut étably par Garcias IV. Roy de Navarre en 1048. dans la Ville de Nagera, en reconnoissance de ce qu'estant tres-malade, il fut guery inopinément dans le temps que l'on trouva une Image de la Vierge sortant d'une fleur de Lis. Il fit bastir exprés une Eglise pour y placer cette Image avec un Monastere où il mit des Religieux de Cluni, aprés quoy, il fonda l'Ordre des Chevaliers de Sainte Marie de la Fleur de Lis, dont il se fit le Grand-Maistre. Leur nombre fut de trente - huit. Ils promettoient par serment qu'ils hazarderoient leurs biens & leurs vies pour la conservation du Royaume de Navarre, d'où ils chasseroient les Maures. Ils portoient une fleur de Lis