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d’argent en broderie sur la poitrine, & une double chaine d’or jointe ensemble, avec la lettre M. pour signifier Marie. Au bout de la chaine pendoit une fleur de lis d’or émaillée de blanc portant la mesme lettre couronnée.

LISOIR.

s. m. Terme de Charron. Piece de bois qui est au dessus des essieux du carrosse, & sur laquelle posent d’autres pieces, appellées Moutons. On appelle Lisoir de chariot, La piece de bois sur laquelle pose le brancard. Il y a le Lisoir de devant, & le Lisoir de derriere.

LISSE.

s. f. Terme de Marine. Assemblage de longues & grosses pieces de bois qu’on met bout à bout l’une de l’autre dans le corps du bordage d’un Vaisseau. C’est une maniere de ceinture que l’on appelle autrement Ceinte, Chainte, Carreau, ou Perceinte, qui sert à lier les membres & les pieces de Charpenterie dont le corps du bastiment est formé. On appelle Lisse de Hourdy, Une longue piece de bois, qui fait l’affermissement de la pouppe, & qui lie le haut du Vaisseau par son couronnement. On luy donne aussi le nom de Barre d’arcasse. Ce qu’on nomme Lisses de porte hauban, sont de longues pieces de bois plates que l’on fait regner le long des porte-haubans, & qui servent à tenir dans leurs places les chaines de hauban.

LISTEL.

s. f. Petite bande ou espece de regle qui est dans les moulures de l’architecture, & que les Menuisiers appellent souvent Mouchette Listel, se dit encore de l’espace plein qui est entre les cannelures des colomnes. Ce mot vient de l’Italien Listello, Ceinture. On dit aussi Listeau.

LIT

LIT.

s. m. Meuble dont on se sert pour y coucher, pour y reposer, pour y dormir. Acad. Fr. Les Maçons se servent du mot de Lit, en parlant de la situation naturelle d’une pierre quand elle est dans la carriere. Les pierres y ont deux lits. Celuy de dessus s’appelle Lit tendre, & celuy de dessous Lit dur. C’est ce qui oblige à renverser les pierres, & à mettre le Lit le plus dur dessus, quand on les employe à découvert, comme pour couvrir des terrasses, & pour faire des dales. On appelle aussi dans une muraille, Lit de pierre, Une assise, un estage de pierre. On appelle, Lit de voussoir & de claveau, Le costé qui en est caché dans les joints, & Lit de pont de bois, Le plancher du pont qui est composé de poutrelles & de travons avec son conchis.

On dit, Lit de reservoir, pour dire, Le fond d’un reservoir qui est fait de sable, de glaise, de pavé, ou de ciment & de cailloutis.

On appelle en termes de Marine, Lit de marée, Un courant qui se trouve en certains lieux de la mer. On dit, Tenir le Lit du vent, estre au Lit du vent, pour dire, Cingler à six quarts de vent prés du rumb d’où il vient.

LITEAU.

s. m. Terme de Chasse. Lieu où le Loup se couche & se repose durant le jour.

LITHARGE.

s. f. Plomb meslé avec les vapeurs ou la crasse de l’argent. La Litharge se fait quand les Affineurs fondent l’argent avec le plomb pour l’épurer à force de soufflets. Le plomb se subtilise alors de telle sorte, qu’il surnage à l’argent & se mesle avec sa crasse ; & en continuant le feu, cette crasse & le plomb se separent à costé, & sortant par une ouverture faite exprés, ils degenerent en Litharge estant refroidis. Les Anciens faisoient de trois sortes de Litharge, l’une appellée κρουσιτηζ, à cause de sa couleur d’or ; l’autre αργυριτηζ, à cause


qu’elle paroissoit meslée de paillettes d’argent ; & la troisiéme μελιβδιτηζ, qui estoit faite de la veine du plomb cuite au feu. Aujourd’huy on n’en fait que de deux sortes ; l’une appellée Litharge d’or, parce qu’elle paroist pleine de paillettes d’or, & l’autre, Litharge d’argent, à cause qu’elle semble estre meslée de petits brins d’argent. Les divers degrez de feu leur donnent cette diversité de couleur, de sorte que celle qui est plus cuite & plus digerée acquiert une couleur d’or. Elle est preferable à l’autre, & c’est de celle-là qu’on entend parler lors qu’on dit simplement Litharge. Dioscoride dit qu’anciennement on la bruloit, aprés quoy on la lavoit comme on fait la calamine. Presentement, on ne fait que la broyer doucement dans un mortier, en versant de l’eau fort claire par dessus, & l’agitant ensuite. Cela fait, on la met dans un autre vaisseau, où l’on verse de l’eau nouvelle, & on la remue comme auparavant. Quand cette eau est trouble, on la mesle parmy la premiere, & cela se reitere jusqu’a ce que le plomb, & les ordures demeurent au fond, & que tout ce qu’il y a de meilleur ait esté tiré avec l’eau. On laisse reposer cette eau, afin qu’aprés l’avoir jettée, la Litharge pure qui se trouve au fond foit ramassée, & on la passe par dessus le marbre afin qu’elle ne soit plus aspre à la langue. La Litharge est astringente & dessiccative comme le sont toutes choses minerales, & tous medicamens de pierres & de terres. Elle rafraischit, deterge, remplit les cavitez des ulceres, & les cicatrise. Matthiole dit, aprés Dioscoride, que la Litharge prise par la bouche en quelque maniere que ce soit, est venimeuse & fort dommageable à la personne. Il parle amplement des accidens qu’elle cause & des remedes que l’on y peut apporter. On l’appelle en Grec λιθάργυροζ, de λιθοζ , Pierre, & de άργυροζ, Argent. Les Vitriers se servent de Litharge d’argent, quand ils peignent sur le verre.

LITHONTRIBON.

s. m. Sorte de poudre propre à briser la pierre, dont l’Auteur est incertain, & que Salernitanus décrit en son Antidotaire. Elle est composée de quarante & un ingrediens, sans le miel & le sucre, & Nicolaus Praepositus y ajouste encore la semence d’Ameos, d’Amomum, & de Levesche avec la racine d’Iris ; mais comme la pluspart des quarante & un ingrediens que nomme Salernitanus sont astringents, que quelques-uns nuisent à faire jetter la pierre dehors, & qu’il y en a d’autres qui sont trop chers & trop rares, en sorte qu’on ne les peut avoir que falsifiez, du Revon, fameux Medecin de la Faculté de Paris, rejette cette poudre, & décrit un autre Diatribon qui casse la pierre, la fait sortir, & remedie aux autres incommoditez des reins & de la vessie. Il y fait entrer le sang de Bouc preparé, le sang de Lievre bruslé, les semences de Milium solis, d’Alkenkenge, & de Saxifrage, les racines de Cyclamen, de Soucher, d’Ononis, d’Eryngium, d’Iris de Florence, & de Rubia tinctorum ; les coques d’œuf, les pierres d’éponge, & la tunique interieure de l’estomac d’une poule ; les bayes de Genevre, la Cannelle, le Cardamome, le Macis ; les semences d’Asperges, de Carvi, de Persil, de Mauve sauvage, d’Ache, de Pepons, de Melons, de Seseli, de Cirron, de Coriandre, de Daucus, de Pimprenelle, & de gomme de Cerisier. Cette poudre qui provoque puissamment les urines, se doit prendre pour la pierre & la gravelle des reins avec un peu de vin blanc, ou avec de l’eau de parietaire ou de rave. Bauderon qui enseigne comment il faut faire le meslange de tous ces ingrediens, dit que cette poudre appaise les douleurs des lombes, chasse le sable des reins & de