Page:Corneille - Dictionnaire des arts, 1694, T1, E-L.djvu/304

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facettes. Ce sont des Lunettes taillées en pointes de diamans. On les met au nez, & en multipliant un mesme objet elles le font voir ramassé ou écarté. Cette sorte de Lunette s'appelle aussi Lunette Polyedre. La Lunette à Puces, est un Microscope, fait en forme de petite bouteille, dans laquelle on regarde par un petit trou, au travers d'un verre qui grossit extraordinairement les objets qui sont dans la bouteille.

Lunettes de cheval. Terme de Manege. On appelle ainsi deux petites pieces de feutre, arrondies & concaves qu'on met sur les yeux d'un cheval qui ne veut point se laisser monter. Lunette, se dit aussi d'un fer de cheval, dont on a retranché la partie qui est vers le quartier du pied. Cella s'appelle Ferrer à Lunettes. On donne cette sorte de fer aux chevaux qui ont des seimes.

Lunette. Terme d'Horloger. Partie d'une Montre dans laquelle on met le cristal.

Lunette. Terme de Menuiserie. Planche de bois percée en rond, dont on fait le siege d'un privé. On appelle aussi Lunette, l'ouverture qui est au derriere d'un soufflet, & qui se ferme en dedans par la soupape. C'est par cette ouverture qu'il reçoit le vent.

Lunette. Terme d'Architecture. Petite fenestre que l'on fait dans les toits ou dans une fleche de clocher pour donner un peu d'air & de jour à la charpente. On dit, Voutes à lunettes, quand sur les côtez, ou dans les flancs du berceau d'une voute, on fait des ouvertures en arc, ou d'autres ouvertures qui ne vont pas jusques au haut de la voute pour y pratiquer des jours. On appelle cette sorte d'ouverture Lunette biaise, quand elle coupe obliquement un berceau, & on la nomme Lunette rampante, quand son centre est corrompu comme sous une rampe d'escalier.

Lunettes. Terme de Tourneur. Pieces de bois ou de fer qui s'enclavent comme les poupées entre les deux membreures d'un Tour, mais qui sont moins épaisses, & qui au lieu de pointes, ont un trou fort rond, contre lequel on appuye le bout de l'ouvrage, si on ne le passe dedans. Il y a de ces Lunettes de differentes grandeurs. Elles servent particulierement pour des vases que l'on veut creuser, ou pour d'autres sortes de pieces.

Lunettes. Terme de Fortification. Envelopes qui se font au devant de la Courtine, de la largeur de cinq toises, dont le parapet en a trois. On les construit d'ordinaire dans les fossez remplis d'eau, où elles font l'effet d'une fausse-braye. Ces Lunettes ou envelopes sont composées de deux faces qui forment un angle rentrant ; & leur terre-plein, large seulement de douze pieds, est un peu élevé au dessus du niveau de l'eau.

LUP

LUPERCALES. s. f. p. Festes que les Romains avoient accoustumé de celebrer tous les ans dans le mois de Février a l'honneur de Pan dans un lieu qui luy estoit consacré au Mont Palatin, & qu'on appelloit Lupercal. On croit qu'elles ont esté instituées par Evandre, & que ce mot Lupercal a esté tiré de Lycæus, Montagne d'Arcadie appellée ainsi de lukos, Loup, à cause que Pan, qu'on y reveroit, garantissoit les troupeaux des Loups. Quelques-autres veulent que Romulus les ait establies, à cause qu'une Louve l'avoit nourry en ce lieu-là. Pendant le jour que l'on celebroit ces festes, les Prestres de Pan appellez Luperques, couroient tout nuds par la ville, & frapoient avec une peau de


chevre le ventre & le dedans de la main des femmes, qui s'imaginoient que cette ceremonie les rendoit fecondes, & les faisoit accoucher plus facilement. Servius voulant expliquer pourquoy les Luperques couroient ainsi nuds, dit que c'estoit pour imiter Romulus, qui pendant qu'il estoit attentif à cette Feste avec tous ceux qui la celebroient, avoit appris que des voleurs s'estoient servis de l'occasion & avoient emmené tout leur bestail, & que pour courir plus viste aprés eux, il s'estoit dépoüillé de ses habits comme toute la jeunesse, ce qui luy avoit reüssi si heureusement que pour en conserver la memoire, il avoit esté resolu que les Prestres de Pan seroient nuds à l'avenir dans la feste des Lupercales.

LUPIN. s. m. Sorte de legume dont la substance est dure & terrestre. Il est bon à manger cuit aprés qu'on l'a fait tremper quelque-temps dans l'eau pour luy faire perdre son amertume. Il vient d'une plante qui n'a qu'une seule tige, & qui produit une feüille molle, veluë, quelque peu blanche, & divisée en sept portions. Elle a ses fleurs blanches, & des gousses resserrées, dentelées tout à l'entour, tirant sur le blanc, & longuettes comme les gousses des feves. Celle-cy enferme cinq ou six grains dans de petites pellicules. Ces grains sont ronds excepté vers le milieu, de couleur blanche, jaunastre, & d'une grande amertume. Sa racine tire quelque peu sur le jaune, & est fort écarquillée. Son fruit sort du milieu de la tige. On seme les Lupins en Toscane, tant pour les manger que pour engraisser les terres. Outre ceux qu'on seme, on y en trouve beaucoup de sauvages, qui jettent au mois de May une fleur rouge incarnate. Le Lupin est aperitif, lithontriptique & emplastique. Il digere, déterge & desseche sans mordacité. Sa farine a aussi la vertu de dessecher.

LUS

LUSTRATIONS. s. f. Especes de Sacrifices qui estoient en usage chez les anciens, quand ils vouloient purifier une ville, une maison, un champ, ou une personne. Il y en avoit dont on ne pouvoit se dispenser, comme les lustrations des maisons où il estoit mort quelqu'un, ou qui avoient esté infectées de peste. On faisoit tous les cinq ans, les Lustrations publiques. La victime estoit conduite trois fois autour du Temple, de la Ville ou d'un autre lieu, & l'on y brusloit les meilleurs parfums. Les Lustrations d'un champ avant que de couper les bleds, estoient appellées Ambarnalia, & celles d'une Armée, Armelustria. Il y avoit des soldats choisis & couronnez de laurier, qui conduisoient trois fois une Brebis, une Truye & un Taureau autour de l'Armée rangée en bataille dans le champ de Mars, aprés quoy ils sacrifioient à ce Dieu les trois Victimes, ce qui estoit suivy de grandes imprecations contre leurs ennemis. Quand un Berger vouloit faire la Lustration de son troupeau, il l'arrosoit avec de l'eau pure, brusloit du laurier, du souphre & de la sabine, & aprés avoir fait trois fois le tout de sa Bergerie, il sacrifioit à la Déesse Palés, avec du lait & du vin cuit, du gasteau & du milet. On purifioit les Maisons particulieres avec de l'eau & des parfums de laurier, de sabine, d'olivier & de genievre, à quoy on ajoustoit quelquefois une victime, qui estoit presque toûjours un petit cochon. Les Lustrations pour les Personnes soüillées, ou par quelque crime, ou par l'infection d'un cadavre, estoient proprement appellées Expiations, & on nommoit la Victime Piacularis. Il y avoit aussi un


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